Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/233

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avait été leur voisin, fut des premiers avec sa fille à venir renouer connaissance avec ses anciens amis.

Sir William jouissait d’une grande fortune et d’une réputation irréprochable ; mais il se laissait entièrement gouverner par les caprices et les fantaisies de sa fille unique. Caroline Harris ne manquait ni d’esprit ni de beauté ; mais elle savait qu’elle était riche, et elle avait porté trop haut ses prétentions. Elle avait d’abord visé à la pairie, et comme elle croyait pouvoir consulter son goût aussi bien que son ambition, elle n’avait pu réussir ; aucun cœur n’avait voulu se laisser prendre à ses filets, peut-être parce qu’elle ne les tendait pas avec assez d’adresse : car, loin d’être prude ou coquette, elle s’était fait une réputation toute contraire. Au milieu de ces tentatives inutiles, elle avait atteint l’âge de vingt-six ans, et elle commençait alors à prendre un vol un peu moins élevé, et à ne porter ses vues que sur la chambre des communes.

Sa fortune lui aurait fait aisément trouver un mari de ce côté, mais elle voulait encore choisir ; elle se montrait difficile. Encore quelques années, et ceux qu’elle rebutait alors la dédaigneront à leur tour. Elle connaissait depuis l’enfance les miss Moseley, quoiqu’elle eût quelques années de plus qu’elles, circonstance à laquelle elle ne faisait jamais allusion sans une absolue nécessité.

L’entrevue entre Grace et les Moseley fut tendre et sincère. John ne se sentait pas de joie en voyant celle qui allait devenir sa femme, pressée entre les bras de tous ceux qu’il aimait ; et la rougeur et les douces larmes de Grace ajoutaient encore à sa beauté.

Jane perdit l’air de contrainte et de froideur qui lui était devenu habituel, en embrassant sa sœur future, et elle prit la résolution de reparaître avec elle dans le monde, afin de montrer au colonel Egerton qu’elle n’était pas triste et languissante, comme son amour-propre le lui persuadait sans doute.

La douairière était dans son centre ; elle passait toutes ses journées à régler avec lady Moseley les préparatifs de la noce ; mais cette dernière avait trop souffert des chagrins de Jane et d’Émilie pour la seconder avec la vivacité et la gaieté que lui eût inspirée, six mois auparavant, l’approche du mariage de son fils.

Après un délai bien court, mais que John trouva encore long, toutes les publications se trouvant terminées, Francis et Clara ar-