Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/306

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possédait Pendennyss, les dames, qui ne le connaissaient pas, manifestèrent le désir de le voir, et l’on passa dans la grande et magnifique bibliothèque du comte. Émilie parcourait les titres des beaux ouvrages qu’elle renfermait, lorsque ses yeux en rencontrèrent un qui attira son attention ; souriant et rougissant tout à la fois, elle se tourna vers Pendennyss, qui suivait tous ses mouvements, et elle lui dit avec enjouement : — Ayez pitié de mon embarras, et permettez-moi de vous emprunter ce volume. — Très-volontiers, répondit-il ; quel est l’ouvrage que vous désirez lire ? Mais Émilie avait pris le volume, et l’avait caché dans son mouchoir. Le comte remarquant que, tout en plaisantant, Émilie voulait lui dérober l’objet de sa curiosité, jeta les yeux sur la case d’où elle avait tiré le tome en question ; il devina aussitôt son motif, il sourit, et lui dit en lui présentant un autre livre :

— Je ne suis pas pair d’Irlande, mais pair d’Angleterre, Émilie, et vous vous êtes trompé de volume. Celle-ci ne put s’empêcher de rire à son tour en se voyant découverte, tandis que le comte, ouvrant le livre qu’il tenait à la main, et qui n’était autre que le premier tome de la Pairie[1], de Debrett, lui indiqua l’article où il était question de sa famille, et dit à Mrs Wilson qui s’approchait d’eux :

— Demain, ma respectable amie, je solliciterai votre attention pour une histoire bien triste, mais qui, je l’espère, atténuera un peu ma faute à vos yeux. En disant ces mots, il alla rejoindre le reste de la compagnie pour détourner son attention, tandis qu’Émilie et sa tante lisaient le paragraphe suivant.

— George Denbigh, comte de Pendennyss, baron Lumley, de Lumley-Castle, baron Pendennyss, Beaumaris et Fitzwalter, né le…, de…, dans l’année de…

La liste des comtes et des barons remplissait plusieurs pages, mais le dernier article était ainsi conçu :

« George, vingt-unième comte du nom, succéda à sa mère Marianne, comtesse de Pendennyss, de son chef, étant né de son mariage avec George Denbigh, écuyer, cousin-germain de Frédéric, neuvième duc de Derwent, héritier présomptif. » Le titre et le domaine de Pendennyss n’étant point substitués passeront

  1. C’est une espèce de registre généalogique, où l’on trouve l’histoire et le titre de chaque famille dans laquelle la pairie est héréditaire. Il y a un livre semblable pour les baronnets.