Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/352

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Pendennyss était modeste par nature et humble par principes : il n’était pas défiant ; mais la révolution que lui avait fait éprouver la découverte de la faute de sa mère, les tristes souvenirs de sa mort, et la santé de son père qu’il voyait décliner chaque jour, tout contribuait à le jeter souvent dans une foule de réflexions qu’il faisait de vains efforts pour repousser.

Peu de temps après la mort de la comtesse, M. Denbigh, sentant qu’il ne tarderait pas à la suivre, résolut de finir ses jours dans les bras de son ami le docteur Yves. Depuis plusieurs années, ils ne s’étaient point vus, leurs devoirs et leurs infirmités toujours croissantes ayant suspendu leurs visites.

Il quitta donc le pays de Galles accompagné de ses deux enfants, et prit à petites journées le chemin de Lumley-Castle, château qui lui appartenait, et où il arriva épuisé de fatigue. Après quelques jours de repos, il dit à sa fille un dernier et solennel adieu, ne voulant pas que son jeune cœur, à peine remis du choc que lui avait fait éprouver la mort de sa mère, eût encore à supporter la vue de ses derniers moments ; et, renvoyant son équipage et ses domestiques à une demi-journée du presbytère, il s’y rendit seul avec son fils et dans la voiture la plus simple.

Il avait écrit au docteur pour lui annoncer sa visite sans lui parler de sa mort prochaine. Il lui avait exprimé le désir de le trouver tout à fait en famille, et il avait fixé le jour de son arrivée une semaine plus tard que celle qui l’avait vu entrer au presbytère. Il avait été forcé de se hâter en voyant le flambeau de sa vie se consumer rapidement, et beaucoup plus près de s’éteindre qu’il ne l’avait d’abord pensé.

Le lecteur connaît déjà l’effet que produisit l’arrivée inattendue des deux voyageurs, la mort de Denbigh, et le départ de son fils, que Francis accompagna lorsqu’il alla déposer les restes de son père dans le tombeau de ses ancêtres, dans le Westmoreland.

Depuis qu’il connaissait l’histoire de sa famille, le comte désirait vivement dérober à tous les yeux la conduite de sa mère. Jusqu’à quel point était-elle connue dans le monde ? il l’ignorait ; mais son vœu le plus ardent était d’ensevelir ce funeste secret dans sa tombe.

Les circonstances frappantes de la mort de son père pouvaient réveiller l’attention, et inspirer le désir de connaître les causes réelles de sa maladie, qui jusques alors n’étaient connues que de la