Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/43

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il va au pas, comme il ménage son cheval ! Ah ! vous voilà donc enfin, dit-il l’instant d’après en les aidant à descendre ; puis posant ses lèvres sur les joues brûlantes de sa sœur, il lui dit à l’oreille d’un air d’importance : — Vous n’avez besoin de me rien dire, ma chère, je sais tout et je vous donne mon consentement.

Mrs Yves accourut pour serrer dans ses bras sa future belle-fille ; et à l’air de satisfaction qui régnait dans ses yeux, au regard de bienveillance que le bon ministre jeta sur elle, Clara vit bien que son mariage était décidé.

Le colonel Egerton félicita Francis sur sa nomination à la cure de Bolton avec une chaleur et un empressement qui paraissaient sincères ; et dans ce moment, Émilie trouva pour la première fois qu’il était aussi aimable qu’on le disait généralement. Les dames firent aussi chacune leur compliment, et John poussa le bras du capitaine comme pour lui dire de ne pas rester en arrière.

— Parbleu ! Monsieur, s’écria le capitaine, il faut convenir que vous avez du bonheur d’obtenir une si belle cure avec aussi peu de peine ; quant à moi, je vous en félicite de tout mon cœur. On dit que la dîme sera bonne, et tant mieux ! Tout ce que je vous souhaite, c’est qu’elle devienne encore meilleure.

Francis le remercia en souriant, et bientôt John donna le signal du départ.

Dès qu’ils furent de retour et que le baronnet eut appris l’état des choses, il promit à Francis de ne pas retarder plus longtemps son bonheur, et il fixa lui-même le mariage à la semaine suivante.

Après le dîner, lady Moseley, se trouvant seule au salon avec sa sœur et ses filles, se mit à parler des apprêts de la cérémonie et des invitations qu’il fallait faire. Elle avait aussi son faible ; c’était d’aimer à briller dans l’occasion, et elle voulait que le mariage de sa fille fît du bruit dans les environs. Elle commençait à peine à développer les plans magnifiques qu’elle méditait, lorsque Clara l’interrompit en lui disant : — Ah ! de grâce, ma chère maman, permettez que notre union se célèbre sans pompe ; c’est le désir de M. Yves, c’est aussi le mien, et souffrez qu’aussitôt après la cérémonie nous allions prendre tranquillement possession de notre modeste presbytère.

Sa mère essaya de faire quelques objections ; mais Clara l’embrassa tendrement, la supplia, presque les larmes aux yeux, de ne pas lui refuser la dernière grâce qu’elle lui demandait, et lady Mo-