Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/165

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signifie ? On dit que la terre est rude aux pieds et qu’il est difficile d’y marcher ; que des tremblements l’agitent et y forment des trous qui engloutissent des villes ; que les hommes se tuent sur les grands chemins pour de l’argent, et que les maisons que je vois sur la montagne sont obligées de rester toujours dans le même lieu. Cela doit être bien triste, de vivre toujours dans le même endroit, et bien singulier de ne jamais sentir aucun mouvement.

— À l’exception du balancement accidentel d’un tremblement de terre, tu es mieux à bord, mon enfant… Mais ton maître, cet Écumeur de Mer !…

— Chut ! dit le jeune garçon, en levant son doigt pour imposer silence ; il est monté dans la grande cabine. Dans un moment nous entendrons son signal.

On exécuta alors dans la chambre voisine une symphonie harmonieuse sur la guitare avec le plus grand talent.

— Alida elle-même n’a pas les doigts plus agiles, dit l’alderman à voix basse, et je ne l’ai jamais entendue jouer du luth hollandais qui a coûté cent florins, dans un mouvement plus rapide.

Ludlow fit un signe et l’alderman se tut. Alors on entendit une belle voix d’homme dont les sons étaient riches et profonds, et qui était accompagnée par le même instrument. Cet air était grave et peu en harmonie avec le caractère d’un habitant de l’Océan, étant principalement un récitatif. On chanta les paroles suivantes autant qu’il était possible de les distinguer :


Mon brigantin !
dont les formes sont belles et régulières, doux dans son balancement et rapide sur les vagues, léger comme l’oiseau aquatique bercé par la tempête, par la brise, par le vent, nous précipites ta course,
Ma reine des eaux !
Dame de mon cœur !
rien de plus rapide et de plus léger que toi ne vogue sur la mer avec une quille plus sûre et plus calme dans sa route ; nous bravons avec toi tous les mystères de l’Océan, et nous rions du courroux de la tempête,
Car nous sommes à toi !
Mon brigantin !
fie-toi au pouvoir mystérieux qui te montre le chemin, à l’œil qui perce l’espace, au rouge météore qui joue autour de toi, et surtout fie-toi sans crainte à l’étoile de la dame Vert-de-Mer,
Toi, ma divine barque.