Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/167

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ments plus solides et plus permanents, qui étaient destinés à résister au mouvement violent, souvent inévitable dans un aussi petit bâtiment. Il y avait une légère tapisserie de damas cramoisi autour de l’appartement, çà et là un petit miroir entre les cloisons et les lambris. Toutes les autres parties étaient en bois d’acajou rehaussé par des panneaux de bois de rose qui ajoutaient à l’élégance de la cabine. Le plancher était couvert d’une natte du plus beau travail, et dont l’odeur parfumée et fraîche prouvait que l’herbe dont elle était composée était née dans un climat chaud et favorisé de la nature. Ce lieu, comme tout le reste du vaisseau, autant que l’œil perçant de Ludlow put s’en convaincre, était entièrement dépourvu d’armes. On ne voyait pas même un pistolet ou un sabre dans les lieux où les armes de cette espèce sont ordinairement suspendues dans tous les vaisseaux employés, soit en guerre, soit dans un commerce qui pouvait obliger son équipage à commettre des actes de violence.

Au centre de l’alcôve se trouvait le jeune homme extraordinaire qui avait visité la Cour des Fées la nuit précédente avec si peu de cérémonies. Son costume était à peu près le même, par sa coupe et par l’étoffe qui le composait, cependant il avait été changé, car sur la poitrine on apercevait une image de la dame Vert-de-Mer, peinte sur soie avec un talent parfait, et de manière à conserver son expression sauvage et surnaturelle. Le jeune homme était légèrement appuyé contre la petite table, et lorsqu’il salua les étrangers avec le plus grand empire sur lui-même, on put apercevoir un sourire dans lequel il y avait autant de mélancolie que de politesse. En même temps il ôta sa toque, et laissa voir les belles boucles noires dont la nature avait orné sa tête avec tant de prodigalité.

Les manières des étrangers étaient moins aisées. La profonde inquiétude avec laquelle Ludlow et le patron s’étaient approchés du corsaire avait fait place à un étonnement et à une curiosité dans lesquels le principal but de leur visite était presque oublié, tandis que l’alderman van Beverout avait l’air honteux, soupçonneux, et paraissait penser moins à sa nièce qu’aux conséquences d’une entrevue si remarquable. Ils répondirent tous au salut de leur hôte, quoique chacun attendît qu’il parlât.

— On m’a dit que j’avais le plaisir de recevoir un commandant au service de la reine, le riche et honorable patron de Kinder-