Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/22

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politique de porter avec précipitation un jugement sur les réputations. Si ma propre administration peut être stigmatisée par les mêmes reproches d’une injustice apparente, cela prouve clairement combien les préventions sont fortes en Angleterre. Le temps aurait éclairé mon esprit, et le temps m’a manqué. Encore une année, mon cher Monsieur, et le conseil se fût rempli de Vans, etc., etc.

— Dans ce cas, Milord, on aurait dû éviter de vous placer dans la malheureuse position où vous êtes réduit.

— Est-il trop tard pour arrêter le mal ? Ne peut-on détromper la reine Anne et la ramener ? Il ne m’a manqué, pour rendre justice, que l’occasion. Mon cœur saigne en pensant que cette disgrâce accable un homme qui touche de si près au sang royal[1] ! C’est une tache sur l’écusson de la couronne, que tous les sujets loyaux doivent désirer d’effacer ; il faudrait pour cela peu d’efforts… monsieur l’alderman van Beverout ?

— Milord, ci-devant gouverneur, dit le bourgeois, en observant que son compagnon hésitait.

— Que pensez-vous de cet arrangement hanovrien ? Un Allemand portera-t-il la couronne d’un Plantagenet ?

— Elle a bien été portée par un Hollandais.

— C’est adroitement répondre. Elle a été portée et portée dignement par un Hollandais. Il y a affinité entre les peuples, et de la raison dans votre réponse. Combien j’ai montré peu de sagesse en ne cherchant pas plus tôt les secours de tes avis, excellent alderman ! Ah ! Myndert, une bénédiction est attachée aux entreprises de tous ceux qui viennent des Pays-Bas !

— Ils mettent toute leur industrie à amasser, et ne dépensent qu’avec prudence.

— La dépense est la ruine de plus d’un digne sujet ! Cependant les accidents… les chances… la destinée, peu m’importe comment vous voudrez les appeler, se mêlent quelquefois d’une manière atroce à la prospérité d’un gentilhomme. Je suis un adorateur de la constance en amitié, Monsieur, et je soutiens les principes qui exigent que les hommes se soutiennent entre eux dans cette vallée de larmes… monsieur l’alderman Beverout.

  1. Lord Cornbury, ce gouverneur de New-York connu pour le relâchement de ses mœurs, était le petit-fils du fameux comte de Clarendon, et un cousin germain de la reine Anne.