Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/395

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d’avant du grand perroquet, qui quoique brûlant était encore intact. L’Écumeur jeta un regard autour de lui, et saisissant Seadrift par la taille comme s’il n’eût été qu’un enfant, il le poussa en avant entre les cordages. Ludlow suivit avec Alida, et les autres les imitèrent de la manière qui leur sembla la plus commode. Tous atteignirent l’avant du vaisseau en sûreté, quoique Ludlow eût été chassé par les flammes dans les élingues d’avant, et de là presque dans la mer.

Les jeunes officiers étaient déjà sur les espars flottants, les séparant les uns des autres, coupant le poids inutile d’agrès, amenant les différentes parties du bois en lignes parallèles, et les liant les unes aux autres. Dans cet instant ces mouvements rapides furent précipités encore par un de ces signaux effrayants sortis de l’appartement des officiers, qui, annonçant le progrès des flammes, dénoncèrent leur proximité du volcan qui sommeillait encore. Les bateaux étaient partis depuis une heure, et cette heure n’avait paru qu’une minute aux victimes abandonnées sur le bâtiment. Depuis dix minutes l’embrasement avançait avec une nouvelle furie, et les flammes, qui pendant si longtemps avaient été cachées dans les profondeurs du vaisseau, s’élevaient en tourbillon au milieu des airs.

— Cette chaleur ne peut pas être supportée plus longtemps, dit Ludlow, il faut aller respirer sur notre radeau.

— Au radeau alors ! reprit la voix encourageante du contrebandier ; tenez ferme, mes amis, pour recevoir le précieux fardeau que nous allons vous envoyer.

Les marins obéirent ; Alida et ses compagnons furent descendus en sûreté dans l’endroit qui avait été préparé pour les recevoir. Le mât d’avant était tombé par-dessus les bords avec ses espars ; car avant que le feu commençât on avait fait les préparatifs nécessaires pour voguer à toutes voiles, afin d’échapper à l’ennemi. Les adroits et actifs marins avaient disposé heureusement tous les matériaux légers qu’ils avaient pu réunir et dont leur sort dépendait ; les vergues toujours croisées étaient heureusement tombées dans la mer, la surface vers le ciel. Les boute-hors et tous les légers espars avaient flotté près de la cime et étaient tombés en travers, atteignant depuis la plus basse jusqu’à la plus haute voile ; d’autres espars tombés en dehors avaient été coupés ; on les ajouta à la masse, et le tout fut assujetti avec