Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/96

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saient varier leur expression suivant la volonté de l’inconnu, le lecteur verra que le salon d’Alida avait été envahi par un personnage dont les traits auraient pu, dans d’autres circonstances, être dangereux pour l’imagination d’une femme dont le goût était en quelque sorte influencé par le type de ses propres charmes.

Le costume de l’étranger était aussi remarquable que ses qualités personnelles : ses vêtements rassemblaient à ceux que nous avons déjà décrits en parlant de l’homme qui s’était annoncé sous le nom de Master Tiller ; mais les matériaux en étaient plus riches et plus dignes de celui qui les portait.

Son habit léger était d’une soie pourprée d’une manufacture indienne, coupé de manière à laisser deviner des contours gracieux et des membres plus actifs qu’athlétiques. Les pantalons lâches étaient d’une toile blanche, le bonnet de velours écarlate, orné d’or. La taille du jeune homme était entourée d’un large cordon de soie rouge, tissu sous la forme d’un câble de vaisseau. Aux deux extrémités, on voyait de petites ancres travaillées en argent.

Au milieu de cet accoutrement si original, il y avait à la ceinture du jeune homme une paire de petits pistolets richement montés ; on y voyait aussi le manche d’un poignard asiatique, d’un travail précieux, qui sortait avec ostentation d’entre les plis d’un vêtement supérieur.

— Comment cela va-t-il ? s’écria l’étranger d’une voix qui était plus en harmonie avec l’apparence de celui qui parlait qu’avec le salut peu cérémonieux et d’accord avec sa profession qu’il avait exprimé aussitôt qu’il eut pris terre au centre du petit salon d’Alida. Arrivez, mon marchand de peaux de castor, voilà quelqu’un qui apporte de l’or dans vos coffres. Maintenant que ce trio de lumière a rempli son devoir, il faut l’éteindre, de crainte qu’il ne serve de phare à ce havre prohibé.

— Je vous demande pardon, Monsieur, dit la maîtresse du pavillon, en sortant de derrière le rideau, avec un air de calme auquel les battements de son cœur étaient près à chaque instant de donner un démenti ; ayant une visite si inattendue à recevoir, toutes ces lumières sont nécessaires.

Le mouvement en arrière que fit l’étranger, et son alarme évidente, rendirent à Alida un peu d’assurance, car le courage est une