Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/132

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M. John Effingham et sa cousine l’écoutèrent avec le plus vif intérêt, quoique cet intérêt, en ce qui concernait Ève, n’eût pas beaucoup de rapport au paquet du pauvre M. Lundi. John Effingham s’arrêta pour appeler son cousin, et il lui fit part en peu de mots de ce que M. Powis venait de lui apprendre, mais sans rien dire du paquet de M. Lundi, dont il n’avait jusqu’alors parlé à personne.

— Ce ne sera qu’un retour de civilité, dit M. Effingham, si nous invitons le capitaine Ducie à se détourner un peu de sa route pour passer quelques jours avec nous dans les montagnes. Quand croyez-vous qu’il sera sur le canal, Powis ?

— Dans une quinzaine de jours. Je suis certain qu’il sera très-charmé de vous rendre ses devoirs à tous, car il m’a souvent exprimé ses regrets d’avoir été chargé d’un service qui avait exposé ces dames à tant de périls et de délais.

— Le capitaine Ducie est proche parent de M. Powis, mon père, dit Ève d’un ton à prouver que cette invitation lui serait agréable à elle-même ; car M. Effingham avait tant d’attention pour sa fille, qu’il n’invitait jamais chez lui une personne dont il croyait que la présence pourrait ne pas lui plaire.

— J’aurai le plaisir d’écrire moi-même ce soir au capitaine Ducie pour le prier de nous honorer de sa compagnie, dit M. Effingham. Nous attendons d’autres amis dans quelques jours, et j’espère que le temps de son exil parmi nous ne lui paraîtra pas trop long. M. Powis mettra mon billet dans une de ses lettres, et je me flatte qu’il appuiera ma demande.

Paul fit ses remerciements, et l’on se remit en marche. Mais cette halte de quelques instants produisit dans les premiers arrangements un changement dont le résultat fut que le jeune homme resta seul avec Ève. Non seulement ils étaient alors arrivés au grand chemin, mais ils l’avaient déjà quitté pour suivre un vieux sentier abandonné qui descendait de la montagne par une ligne plus courte, mais plus dangereuse, et qui ne convenait guère à l’esprit d’entreprise moderne ; car c’était un de ces chemins à peine ébauchés et mal calculés que les premiers colons qui s’établissent dans un pays tracent ordinairement avant d’avoir le temps et les moyens de faire plus de recherches et d’en tracer de meilleurs. Quoiqu’il fût plus difficile et plus périlleux que celui qui l’avait remplacé, ce reste de l’enfance du pays était le chemin le plus direct et le plus pittoresque pour arriver au pla-