Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/323

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de son compagnon, les joues couvertes des couleurs de la pudeur et de la tendresse qui luttaient ensemble, lutte qui rendait sa beauté doublement attrayante. Elle sourit, et ce sourire était un encouragement auquel il était impossible de se méprendre.

— Puis-je en croire mes sens ? — Voulez-vous, pouvez-vous — écouter la prière d’un homme comme moi ? s’écria Powis en passant rapidement devant la fenêtre, de peur que quelque interruption ne détruisît ses espérances.

— Y a-t-il une raison suffisante pour que je le refuse, Powis ?

— Ma malheureuse situation relativement à la famille de mon père, — mon manque de fortune, en comparaison de la vôtre, — le fait que, sous tous les rapports, je ne suis pas digne de vous.

— Votre malheureuse situation relativement à vos parents ne serait pour nous qu’un nouveau motif pour vous aimer davantage. — Vous ne manquez de fortune que par comparaison ; et qu’importe quand on en a déjà suffisamment ? — Et quant à votre dernière raison, je crois qu’elle disparaîtra quand vous connaîtrez mieux celle que vous avez si inconsidérément préférée à toutes les autres.

— Ève ! — chère Ève ! s’écria Paul lui saisissant les deux mains et l’arrêtant à l’entrée d’une allée plus ombragée que les autres, et où le peu de clarté que répandaient les étoiles suffisait à peine pour qu’il pût distinguer ses traits. — Vous ne me laisserez pas dans le doute sur un sujet de cette nature. Suis-je réellement assez heureux pour que…

— Si la foi et l’affection d’un cœur qui est tout à vous peuvent vous rendre heureux, Powis, vos malheurs finiront.

— Mais votre père ! s’écria Paul avec inquiétude.

— Est ici pour confirmer ce que sa fille vient de dire, dit M. Effingham sortant d’un bosquet, et appuyant la main affectueusement sur l’épaule de Powis. — Savoir que vous vous entendez enfin si bien l’un l’autre, Powis, écarte de mon esprit une des plus grandes inquiétudes que j’aie jamais éprouvées. Mon cousin John, comme il le devait, m’a fait part de tout ce que vous lui avez dit de votre vie passée, et il n’y a plus rien à révéler. Il y a bien des années que nous vous connaissons, et nous vous recevons dans notre famille avec le même plaisir que nous recevrions une faveur spéciale de la Providence.

— Monsieur Effingham ! — mon cher Monsieur ! — s’écria Paul, qui, partagé entre la surprise et la joie pouvait à peine respirer,