— cela surpasse toutes mes espérances. — Et cette généreuse franchise dans votre aimable fille !
Les mains de Paul avaient passé de celles de la fille dans celles du père, sans qu’il sût comment. Les dégageant à la hâte, il se retourna pour parler à Ève ; mais elle était partie. Pendant le court intervalle entre le discours de son père et la réponse de Paul, elle avait trouvé le moyen de disparaître, les laissant tête à tête. Le jeune homme aurait voulu la suivre ; mais la tête plus froide de M. Effingham jugea que, sous tous les rapports, ce moment était favorable pour une conversation particulière qu’il désirait avoir avec le gendre qu’il venait d’accepter, et fort peu propice pour un entretien, — du moins pour un entretien très-raisonnable, — entre les deux amants. Il prit donc le bras du jeune homme, et le fit entrer dans une allée plus écartée. Une demi-heure de conversation confidentielle mit le calme dans l’esprit de l’un et de l’autre, et rendit Paul Powis le plus heureux des hommes.
CHAPITRE XXIV.
anny Sidley était occupée, comme elle aimait à l’être, à plier
et à remettre en leur place quelques vêtements de sa maîtresse,
seul reste de ses anciennes fonctions de femme de chambre, car
Annette faisait trop peu de cas de son goût pour lui permettre
jamais de passer une robe à Ève ou d’y attacher une seule épingle,
quand notre héroïne entra dans sa chambre et se laissa tomber
sur un sofa. Ève était trop absorbée dans ses pensées pour s’apercevoir
de la présence de sa vieille nourrice, qui faisait toujours
sans bruit et avec tranquillité tout ce qu’elle avait à faire ; et elle
connaissait trop bien son affection et sa fidélité pour s’en inquiéter
quand même elle l’aurait aperçue. Elle resta un moment assise,
les joues couvertes d’une rougeur charmante, ses mains croisées
sur ses genoux, ses yeux fixés sur le plafond ; et enfin son émotion
se soulagea par des larmes. La pauvre Nanny n’aurait pas
été plus confondue si elle eût appris tout à coup quelque calamité