Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/376

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gnon de voyage. Nous nous rencontrâmes à Alexandrie ; nous allâmes ensemble jusqu’aux cataractes, et nous en revînmes de même. Il me connaissait comme John Effingham, voyageur américain ayant de la fortune, sinon un mérite particulier, et je le connaissais comme un officier-général anglais d’un commerce agréable. Il avait toute la réserve d’un Anglais d’un rang distingué, et il parlait rarement de sa famille ; et ce ne fut qu’à notre retour que j’appris qu’il avait reçu des nouvelles de sa femme, lady Dunluce. Mais j’étais bien loin de penser que lady Dunluce fût Mabel Warrender. Combien il arrive souvent que nous sommes sur le point d’obtenir des informations importantes, et que nous continuons pourtant à rester dans l’ignorance et dans les ténèbres ! Mais, d’après les renseignements pris par la famille Ducie sur le John Assheton dont je viens de vous parler, il paraît qu’elle est arrivée enfin à reconnaître que le mariage était légal, et la naissance de Paul légitime.

— Elle s’imagina longtemps, comme M. Warrender, dit Paul, que ce John Assheton, dont il vient d’être fait mention, était mon père ; mais quelques informations dues au hasard, qu’elle obtint il n’y a pas très-longtemps, la convainquirent qu’elle était dans l’erreur, et alors elle supposa assez naturellement que j’étais fils d’un autre John Assheton, qui passe, probablement avec raison, pour être encore garçon. J’avais toujours été porté à croire moi-même qu’il était mon père, quoiqu’il ait répondu à deux ou trois lettres que je lui ai écrites avec l’indifférence qu’on opposerait aux prétentions d’un imposteur. Ma fierté, depuis ce temps, ne m’a pas permis d’essayer de renouveler ma correspondance avec lui.

— C’est John Assheton de Nescopeck, fils du frère de ma mère, célibataire aussi déterminé qu’on en puisse trouver dans toute l’Union, dit John Effingham, ne pouvant s’empêcher de sourire en dépit de la gravité du sujet et de la vive émotion dont il avait été agité si peu de temps auparavant. — Il faut qu’il ait supposé que vos lettres étaient une mystification de quelqu’un de ses joyeux compagnons ; et toute ma surprise, c’est qu’il ait jugé nécessaire d’y répondre.

— Il n’a répondu qu’à une seule, Monsieur, et cette réponse semblait certainement d’accord avec le caractère que vous paraissez lui attribuer. Maintenant que je sais la vérité, je lui pardonne de tout mon cœur, quoique son ton de mépris ait été pour moi