Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/375

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et pour ses parents. Son mari vivait dans la retraite, et jamais il ne se remit de ce coup. Son nom portant à croire que c’était lui qui savait épousé votre mère, la famille de celle-ci semble avoir cru qu’il avait été coupable de bigamie, et que par conséquent la naissance de Paul était illégitime. M. Warrender paraît même, d’après ses lettres, avoir eu une entrevue avec lui, et la première mention qu’il fit de sa femme, il fut chassé grossièrement de la maison. L’orgueil était général dans la famille Warrender, et pour couvrir la tache imaginaire faite à son honneur, elle prit le parti de cacher la naissance de l’enfant. Quant à moi, je prends à témoin l’œil de Dieu qui voit tout, que l’idée que je fusse père ne s’est jamais présentée à mon esprit avant que j’eusse appris qu’un John Assheton était le père de Paul, et que le portrait en miniature de Mildred, qu’elle m’avait donné à l’époque de notre mariage, était la ressemblance parfaite de la mère de notre jeune ami. La déclaration du capitaine Ducie que sa mère, avant son mariage, se nommait Warrender, ne me laissa aucun doute sur le fait de ma paternité.

— Mais, cousin John, les noms des parents maternels de Paul, du capitaine Ducie, de lady Dunluce, n’excitèrent-ils pas votre curiosité ?

— Relativement à quoi, ma chère ? Je ne pouvais avoir de curiosité à l’égard d’un enfant dont je ne soupçonnais pas l’existence. Je savais que les Warrender avaient des prétentions au rang et à la fortune en Angleterre ; mais je n’avais jamais entendu le nom de leur titre, et je m’inquiétais fort peu d’une fortune que Mildred ne pouvait plus partager. Jamais je n’avais entendu parler du général Ducie, qui n’avait épousé Mabel Warrender qu’après ma séparation d’avec ma femme, et après les lettres que je reçus de mon beau-frère. Je désirais oublier l’existence de cette famille ; je passai en Europe, j’y restai sept ans, et comme le continent était alors fermé aux Anglais, il n’était pas probable que j’y entendisse parler de ce sujet. À mon retour en Amérique, la tante de ma femme n’existait plus ; le dernier de ses frères était mort ; mistress Ducie était depuis longtemps en Angleterre avec son mari. Personne ne songeait plus aux Warrender ; on avait presque oublié leur nom, et c’était un sujet trop pénible pour moi pour que j’aimasse à y penser ou à m’en entretenir. Un fait assez curieux, c’est que, pendant notre dernier voyage en Europe, je remontai le Nil en 1829, ayant le général Ducie pour compa-