Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’ESPION,
ÉPISODE
DE LA GUERRE DE L’INDÉPENDANCE.


Existe-t-il un homme dont l’âme soit assez insensible pour ne s’être jamais dit à lui-même : Voici mon pays, mon pays natal ?
Sir Walter Scott.



CHAPITRE PREMIER.


Et quoique au milieu de ce calme de l’esprit, quelques traits hautains et impérieux pussent faire découvrir une âme jadis violente, c’était un feu terrestre que le rayon intellectuel du sang-froid faisait disparaître, comme les feux de l’Etna s’obscurcissent devant le jour naissant.
Th. Campbell. Gertrude de Wyoming.


Vers la fin de l’année 1780, un voyageur isolé traversait une des nombreuses petites vallées de West-Chester. Le vent d’est, chargé de froides vapeurs et augmentant de violence à chaque instant, annonçait inévitablement l’approche d’un orage qu’on pouvait s’attendre à voir, suivant la coutume, durer plusieurs jours. L’œil expérimenté du voyageur cherchait en vain, à travers l’obscurité du soir, quelque abri convenable où il pût obtenir les secours qu’exigeaient son âge et ses projets, pendant que son voyage serait interrompu par la pluie qui, sous la forme d’un épais brouillard, commençait déjà à se mêler avec l’atmosphère. Cependant rien ne s’offrait, à ses yeux, si ce n’est les demeures étroites et incommodes de la plus basse classe des habitants ; et