Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/14

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ne s’en trouve pas dans le pays. Nous avions bien entendu dire qu’il y avait un seigneur a cinquante milles de chez nous, et nous fîmes ce long trajet pour le voir, bien décidés à modeler sur lui notre héros ; mais lorsque nous rapportâmes son portrait, la petite lutine qui posait pour celui de Fanny déclara qu’elle n’en voudrait pas quand même il serait roi. Alors nous fîmes jusqu’à cent milles, pour voir dans l’est un château renommé ; mais, à notre grande surprise, il y manquait tant de carreaux, et c’était sous tous les rapports un endroit si peu habitable, qu’il y aurait eu vraiment conscience à y loger une famille pendant les froids de l’hiver. Bref, nous fûmes obligés de laisser la jeune fille aux cheveux roux se choisir elle-même un amant, et de loger les Wharton dans un cottage commode, mais sans prétention. Nous répétons que nous n’entendons pas faire la plus légère injure aux belles ; elles sont ce que nous aimons le mieux, — après nous-mêmes, — après notre livre, — notre argent — et quelques autres objets. Nous savons ce que sont les meilleures créatures du monde, et nous voudrions, pour l’amour de l’une d’elles, être lord et avoir un château par-dessus le marché[1].

Nous n’affirmons pas positivement que la totalité de notre histoire soit vraie, mais nous croyons pouvoir le dire sans nous compromettre d’une grande partie ; et nous sommes certains que toutes les passions qui sont décrites dans ces volumes ont existé et existent encore. Qu’il nous soit permis de dire aux lecteurs que c’est plus qu’ils ne trouvent dans tous les volumes qu’ils lisent. Nous irons même plus loin, et nous dirons où elles ont existé ; c’est dans le comté de West-Chester, de l’île de New-York, l’un des États-Unis d’Amérique, belle partie du globe, d’où nous envoyons nos compliments à tous ceux qui lisent notre ouvrage, et nos amitiés à tous ceux qui l’achètent.


New-York, 1822.
  1. L’auteur se moque ici des préjugés aristocratiques qui ont survécu à la domination anglaise en Amérique. Les familles républicaines de ce pays n’oublient pas leur généalogie.