Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/102

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Maud rougit jusqu’au blanc des yeux, mais elle avait tellement l’habitude et l’amour de la vérité, qu’elle fit un signe de tête négatif.

— Beulah non plus ? elle ne l’eût pas permis, j’en suis certain.

— Beulah non plus, major Willoughby, dit Maud en prononçant ce nom avec un respect affecté. L’honneur des Willoughbys est préservé de toute tache, et tout le blâme doit tomber sur la pauvre Maud Meredith.

— Vous dédaignez donc le nom de Willoughby, et vous vous proposez sans doute de le quitter plus tard. J’ai remarqué que vous aviez signé votre dernière lettre du seul nom de Maud ; cependant vous ne l’aviez jamais fait auparavant : en aurais-je deviné la raison ?

— Puis je garder toujours un nom qui ne m’appartient pas ? Mon vrai nom va bientôt m’être donné dans les actes légaux. Rappelez-vous, monsieur Robert Willoughby, que j’ai vingt ans. Quand on me rendra compte de ma fortune, il ne faudra pas faire un faux. Un peu d’habitude est nécessaire pour m’apprendre à me servir de ma propre signature.

— Mais notre nom ne peut vous être odieux ; y renonceriez-vous, sérieusement pour toujours ?

— Le vôtre ! Quoi ! le nom vénéré de mon très-cher père, de ma mère, de Beulah, de vous-même, Bob !

Maud n’acheva pas. Elle fondit en larmes et disparut.


CHAPITRE VIII.


La tour du village, quelle joie pour moi ! je m’écrie : le Seigneur cet ici ! Les cloches du village ! elles me remplissent l’âme d’un sincère enthousiasme et me font célébrer la lumière qui est venue briller au milieu des ténèbres. Leur voix semble parler pour tous.
Coxe


Une autre nuit se passa paisiblement dans la colonie. Le jour suivant, qui était un dimanche, fut embaumé, joyeux, doux, et digne enfin de la grande fête du monde chrétien. En matière de religion, le capitaine Willoughby était un peu rigide  ; il compre-