Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/108

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quelques-unes de ces inquiétudes que l’affection maternelle rend promptes, le major arriva gaiement ; mais en entrant dans la chambre, à sa grande surprise, il trouva Maud avec sa mère. Cette dernière paraissait grave et triste, et la première n’était pas entièrement exempte d’alarmes. Le jeune homme interrogea la jeune fille du regard, et il crut voir des larmes rouler dans ses yeux.

— Venez ici, Robert, dit mistress Willoughby en lui montrant une chaise auprès d’elle, et avec une gravité qui frappa son fils, tant elle lui était peu habituelle. Je vous ai fait venir pour écouter un de ces vieux sermons comme vous en avez entendu si souvent quand vous étiez un enfant.

— Vos avis, ma chère mère, et même vos reproches, seront écoutés maintenant avec encore plus de respect qu’il ne l’étaient alors, répondit le major en s’asseyant à côté de mistress Willoughby, et en pressant affectueusement, une de ses mains dans les siennes. C’est seulement en avançant dans la vie que nous apprenons à apprécier la tendresse et les soins de parents comme vous. Je n’imagine pas en quoi j’ai mérité vos réprimandes. Sûrement vous ne sauriez me blâmer de rester attaché à la couronne dans un moment comme celui-ci.

— Je ne m’interposerai pas avec votre conscience sur ce sujet, Robert ; et mes propres sentiments à moi, Américaine de naissance et de famine, inclinent plutôt à penser comme vous. J’ai désiré vous voir, mon fils, mais pour une autre affaire.

— Ne me laissez pas en suspens, ma mère, je suis comme un prisonnier qui attend qu’on lui lise son acte d’accusation. Qu’ai-je fait ?

— C’est plutôt à vous à me le dire. Vous ne pouvez avoir oublié, Robert, combien j’ai toujours été soigneuse à éveiller et à entretenir une vive affection entre mes enfants, quelle importance votre père et moi nous y avons toujours attachée, et combien nous nous sommes efforcés d’imprimer fortement cette importance dans vos esprits. Le lien, qui unit la famille et l’amour qu’il doit produire sont les plus doux de tous les devoirs terrestres. Peut-être nous autres vieilles gens apprécions-nous cela mieux que vous ; mais l’affaiblissement de ces sentiments nous semble un désastre moins déplorable à peine que la mort.

— Ma chère mère, que pouvez-vous vouloir dire ? Et qu’avons-nous à faire, Maud et moi, en ceci ?