Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/112

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insista pour se charger de tous les autres ; et c’était quelquefois un curieux spectacle de voir l’honnête garçon, occupé dans l’intérieur de la chapelle, pendant le service, se bouchant les oreilles avec ses pouces dans le but de s’acquitter de ses obligations temporelles en excluant l’hérésie autant que possible. Une de ses habitudes était de refuser de sonner la cloche jusqu’à ce qu’il vît mistress Wiuoughby et ses filles à une distance raisonnable de l’endroit où se célébrait le service divin ; il agissait ainsi depuis une vive discussion qui avait eu lieu entre lui et Joël Strides, qui s’occupait beaucoup de l’égalité, sinon des choses du ciel. Dans l’occasion présente, ce procédé ne put passer sans contestation.

— Mike, il est dix heures passées ; les colons attendent le commencement de la conférence depuis quelque temps ; vous pouvez ouvrir les portes et sonner la cloche. On ne doit pas faire attendre le peuple pour personne, pas même pour votre église.

— Alors laissez-les venir quand ils seront appelés. S’il plaît à la vieille dame, aux jeunes demoiselles et à leurs semblables de scandaliser leurs colons ; moi, chrétien, je ne puis consentir à les y aider. Laissons-les au moulin ou à l’école, et ne les faisons pas venir dans cette église. Je ne voudrais pas sonner la cloche avant que les maîtres soient en vue ; non, pas pour une génération entière, Joël.

— La religion n’a de partialité pour personne, dit philosophiquement Joël. Ceux qui aiment les maîtres et les maîtresses peuvent en prendre, mais, pour moi, je n’aime pas les bassesses.

— Si cela est vrai, s’écria Mike en regardant son compagnon avec surprise, vous devez toujours être dans un état de trouble.

— Je vous dis, Michel O’Hearn, que la religion n’a de partialité pour personne. Dieu doit avoir soin de moi comme du capitaine Willoughby, de sa femme, de son fils, de ses filles, et de tout ce qui est à lui.

— Le diable me brûle, Joël, si j’en crois un mot, s’écria Mike d’un air dogmatique. Ceux qui ont de l’intelligence comprennent les différences qu’il y a dans le genre humain, et je suis sûr que cela ne peut pas être un secret pour le Seigneur, quand c’est si bien connu d’un pauvre garçon comme moi. Il y a une quantité de créatures qui ont une très-bonne idée de leur propre valeur,