Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/297

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enfants pour les embrasser une dernière fois. Ne voulant pas les inquiéter davantage, il leur dit adieu affectueusement, mais sans trop de solennité.

— Je ne verrai d’autres signes de succès, Hugh, dit sa femme en pleurant, que votre retour et celui de notre cher fils. Quand je vous tiendrai tous deux dans mes bras, je me sentirai heureuse, tous les Indiens du continent fussent-ils dans la vallée.

— Ne calculez pas le temps, Wilhelmina, votre cœur trop tendre voyage quelquefois de façon à vous chagriner inutilement. Souvenez-vous que nous avancerons avec beaucoup de précaution pour aller et venir, et que nous aurons besoin de plusieurs heures pour faire le détour que je médite. J’espère vous revoir avant le coucher du soleil, un retard nous mènerait jusqu’à la nuit, et il peut devenir nécessaire de différer l’attaque jusqu’à ce moment.

C’était une triste nouvelle pour les femmes, mais elles l’écoutèrent avec calme, et tâchèrent autant qu’elles purent de se montrer résignées : ce fut les yeux baignés de larmes que Beulah reçut le baiser de son père et sa bénédiction, puis elle pressa son petit Evert sur son cœur. Maud fut embrassée la dernière, et le capitaine l’entraîna doucement dans la cour, en l’exhortant à ranimer les esprits de sa mère par son courage et sa fermeté.

— Bob reviendra bientôt à la Hutte, ajouta-t-il, et nous nous trouverons tous dédommagés des périls que nous aurons courus. Tous, excepté vous, petite querelleuse, car votre mère m’a dit qu’avec les caprices ordinaires de votre sexe vous aviez éloigné de vous ce pauvre garçon.

— Mon père !

— Oh ! je sais que ce n’est pas très-sérieux, et cependant Beulah m’a dit que vous l’aviez appelé une fois major d’infanterie.

— L’ai-je dit ? répondit Maud, craignant de trahir son secret. Ma langue ne parle pas toujours comme mon cœur.

— Je le sais, mignonne, et ça ne me regarde pas. Traitez le fils comme vous voudrez, Maud, je suis certain que vous aimerez toujours le père. — Il la pressa sur son cœur et l’embrassa sur le front, sur les yeux et sur les joues. — Vous avez vos papiers, Maud, et vous pouvez facilement prendre connaissance de vos intérêts. Quand vous examinerez le tout, vous verrez que chaque shelling de votre fortune a été mis de côté, et que vous vous trouverez, petite méchante, être quelque chose comme une grande héritière.