Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/298

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— Pourquoi me dites vous cela, mon cher père ? vos paroles me font peur.

— Cela ne doit pas être, ma chère. Le danger ne peut augmenter quand on est préparé à le rencontrer.

Maud tomba sur le sein de son père et sanglota. Jamais il n’avait fait de si claires allusions aux véritables relations qui existaient entre eux ; les papiers qu’elle possédait parlant d’eux-mêmes, ils lui avaient été remis sans explication. Toutefois, comme le capitaine ne paraissait pas disposé à aller plus loin pour le moment, la pauvre fille s’efforça de se contenir, et y réussit en partie ; elle se leva et reçut la bénédiction de son père, qu’il lui donna tendrement et solennellement, puis elle le vit partir avec un calme qui l’étonna elle-même.

Il nous faut maintenant quitter le groupe intéressant qui reste à la Hutte, et accompagner nos aventuriers dans leur marche.

Le capitaine Willoughby fut obligé d’imiter ses hommes pour sortir des palissades. Il s’était vêtu dans cette occasion d’une blouse de chasse américaine dont il se servait rarement, ce qui diminuait les chances qu’il aurait pu avoir d’être reconnu. Joyce avait un costume semblable ; mais ni Jamie, ni Mike, ne purent se décider à prendre un vêtement que tous deux ils prétendaient ressembler beaucoup à celui des Indiens. Pour Blodget il était vêtu comme un ouvrier.

Aussitôt qu’il fut au bas du rocher, le capitaine le fit savoir au vieux Pline en se servant de la parole avec précaution, mais pourtant assez haut pour être entendu de la galerie du toit placée directement au-dessus de sa tête. Le noir avait reçu l’ordre de veiller sur Joël et ses compagnons, afin de s’assurer si rien dans leurs mouvements ne trahissait une certaine connaissance de ce qui se passait dans la Hutte. Le rapport fut favorable. Pline dit à son maître : — Tous ces hommes travailler, Monsieur, tout comme avant ; Joël être occupé à labourer. Pas un œil tourné par ici, maître.

Encouragée par cette assurance, la petite troupe traversa les taillis qui bornaient cette partie du pied des rochers, puis elle entra dans le lit du ruisseau. On était au mois de septembre, et l’eau était si basse qu’ils purent suivre à pied sec le bord du ruisseau en se posant sur chaque pierre. On se servit de cet expédient chaque fois que les circonstances le permettaient, afin de laisser aussi peu de