Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/311

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autant pour la droite. Comme nous approchons des moulins, nous pourrions rencontrer quelques rôdeurs dans les bois ; aussi conduirons-nous notre marche avec la plus grande précaution. Maintenant, suivez-moi et soyez muets.

Le capitaine et Nick se mirent à la tête de la petite troupe, qui les suivit en observant l’ordre qui lui avait été donné de garder le silence. La manière habituelle de traverser les bois pendant les guerres était que l’un marchât derrière l’autre ; puis on suivait un ordre qui a obtenu le nom de file indienne et dont l’objet est de diminuer les traces et de cacher la force des troupes, c’est-à-dire que chaque homme pose son pied dans l’empreinte du pied de celui qui le précède. Dans cette occasion, cependant, le capitaine décida Nick à marcher près de lui, car il n’était pas tout à fait sans inquiétude au sujet de la fidélité du Tuscarora. Ce n’est pas là la raison qu’il lui donna, comme doit bien le supposer le lecteur. En voyant la trace d’un mocassin à côté de celle d’une botte, les rôdeurs pourraient être conduits à penser que les pas marquaient le passage de quelques-uns des hommes de la clairière ou du moulin. Nick approuva tacitement ce raisonnement et vint se placer à côté du capitaine sans faire aucune observation.

Nos aventuriers regardaient de tous côtés, quoiqu’il fût à espérer et à croire que la route qu’ils avaient suivie les mettait à l’abri d’une surprise. Et en effet, ils atteignirent en sûreté les rochers qui continuaient la colline, et se trouvèrent près du précipice, ce qui leur montrait qu’ils avaient été assez loin vers le sud. Là, le précipice était presque perdu dans les basses terres, mais ses bords encore assez distincts pouvaient couvrir la marche de la petite troupe.

Ils descendirent sur le plateau, puis le capitaine et Nick se dirigèrent vers l’est pour arriver derrière les moulins. Comme les bâtiments étaient dans le ravin, il fallait descendre immédiatement et rapidement afin de se trouver à leur proximité. Nick assura à ses compagnons qu’il avait plusieurs fois traversé ce même plateau et qu’il n’y avait rencontré aucune trace de pas, ce qui lui faisait penser que les ennemis n’avaient pas pris la peine de monter sur les rochers qui entouraient le côté occidental du vallon.

Ils s’approchèrent avec précaution du sommet du rocher, dont le flanc gauche était bien protégé par la terrasse placée au-dessus d’eux et qu’ils venaient de descendre. Ce côté gauche n’était guère