Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/312

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plus en vue que le droit ; l’arrière était couvert par des amas de terre. Ils atteignirent le bout du ravin sans avoir fait aucune découverte. L’endroit se trouvant favorable, le capitaine s’arrêta à un détour du sentier, bien garni de buissons, qui se trouvait au niveau des bâtiments.

La vallée des moulins, très-étroite, protégeait à peine les habitations et contenait trois ou quatre cabanes pour les ouvriers. Les moulins se trouvaient placés en avant, aussi près que possible du cours de la rivière, tandis que les habitations des travailleurs étaient perchées sur le penchant des rochers ou dans des renfoncements. C’était ainsi qu’était la maison de Daniel le meunier, où l’on supposait que se trouvait le major. Elle se trouvait heureusement au bout du sentier par lequel étaient descendus nos aventuriers. Tout était favorable et avait été pris en considération par le capitaine Willoughby quand il avait conçu le plan de la sortie.

Dès qu’on aperçut la cheminée de la cabane, au-dessus des buissons, le capitaine Willoughby fit faire halte et répéta ses instructions à Joyce en partant aussi bas que possible. Il ordonna au sergent de rester dans sa position actuelle jusqu’à ce qu’on lui fît le signal d’avancer. Le capitaine avait l’intention de descendre seul pour aller aussi près que possible de la laiterie, et pour faire une reconnaissance avant de donner ses derniers ordres. Cette laiterie était sur une pente, et comme il lui fallait de l’ombre et de la fraîcheur à cause du lait qu’on y mettait en réserve dans cette saison de l’année, elle était à demi cachée par les broussailles et les jeunes arbres. Il n’y avait qu’une seule fenêtre, avec des barreaux de bois pour arrêter les chats et autres animaux qui ont du goût pour le lait ; mais sans lattes ni plâtre, ces deux derniers articles composant un luxe qu’on ne rencontrait guère dans les habitations des frontières. Celle-là était pourtant construite solidement ; les crevasses en avaient été bouchées avec du mortier, et avec une porte bien gardée elle pouvait très-bien jouer le rôle de prison, pourvu que le captif fût privé d’instruments tranchants. Toutes ces circonstances étaient bien connues du père quand il pensa à délivrer son fils, et la position des bâtiments avait aussi été calculée dans ses chances de succès.

Aussitôt que ses ordres furent donnés, le capitaine Willoughby prit le sentier et s’avança accompagné seulement de Nick. Il avait annoncé son intention d’envoyer le Tuscarora en avant pour faire