Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/337

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nières habituelles, Maud, qu’il doit y avoir quelque mystère. La boîte ne devait contenir rien autre chose qu’une mèche de vos cheveux, ma chère Maud.

— Oui, rien autre chose. Je les ai reconnus dès l’instant que je les vus.

— Et cela ne vous a-t-il pas appris mon secret ? Pourquoi n’y a-t-il pas des cheveux de Beulah ? Pourquoi sont-ce les vôtres, Maud, et les vôtres seuls ? Vous ne m’avez pas compris.

— Si, mon bien cher Bob. Vous m’aimez, vous avez voulu me dire que nous ne sommes pas frère et sœur, que nous avons l’un pour l’autre une affection bien plus forte, une affection qui nous lie pour la vie. N’ayez pas l’air si malheureux, Bob, j’ai compris tout ce que vous vouliez me dire.

— Je vous ai envoyé cette boîte, ma bien-aimée Maud, pour vous dire que vous possédez mon cœur tout entier ; que je pense à vous le jour et la nuit ; que vous êtes le but de mon existence ; que je serais misérable sans vous, et que je ne puis être heureux qu’avec vous ; en un mot que je vous aime, Maud, et que je ne puis jamais aimer que vous.

— Oui, c’est bien ainsi que je vous ai compris, Bob. Et Maud, malgré ses tristes pensées, ne put s’empêcher de rougir.

— Et comment avez-vous reçu ma déclaration ? Dites-le-moi, ma chère enfant, avec votre franchise habituelle. Pouvez-vous, voulez-vous m’aimer ?

C’était une question directe, et dans une autre occasion elle aurait peut-être causé à Maud de l’embarras et de l’hésitation. Mais la jeune fille fut charmée de l’idée qu’il était en son pouvoir d’adoucir la violence du coup qu’elle allait bientôt porter, en mettant l’esprit de Robert en repos sur ce point.

— Je vous aime, Bob, dit-elle avec une fervente affection qui fit rayonner tous les traits de son angélique visage. Je vous aime depuis plusieurs années. Comment pourrait-il en être autrement ? Qui aurais-je pu aimer ? Et comment vous voir sans vous aimer ?

— Bonne, charmante Maud. Mais c’est une chose étrange, je crains encore que vous ne me compreniez pas. Je ne parle pas d’une affection comme celle que me porte Beulah et que ressentent un frère et une sœur. Je parle de l’amour que ma mère a pour mon père, de l’amour d’un homme et d’une femme.

Un gémissement de Maud arrêta l’ardent jeune homme, qui reçut