Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/45

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qui revêtait et la richesse de la nature et l’industrie des habitants.

Le site de l’ancien étang était un miracle de beauté rustique. Les inégalités et les imperfections avaient disparu, et le tout présentait un bassin vaste et pittoresque dont les contours avaient été dessinés par un artiste qui manque rarement son effet, la Nature. La plaine était divisée, en champs entourés de palissades, le capitaine s’étant fait une loi d’écarter de son domaine tous les animaux sauvages. Les granges et les bâtiments extérieurs étaient bien construits, et judicieusement placés, et les trois ou quatre sentiers qui y conduisaient formaient en traversant les terres des courbes si gracieuses, qu’ils ajoutaient considérablement à la beauté du paysage. Çà et là on entrevoyait presque ensevelies dans la forêt des huttes en troncs d’arbres, demeures des laboureurs qui semblaient heureux de passer leur vie dans une retraite assurée. La plupart de ces hommes s’étant mariés, la colonie, y compris les enfants, comptait plus de cent âmes, dont vingt-trois hommes pleins de vigueur. Parmi les derniers étaient les meuniers ; mais leurs moulins étaient cachés au fond du ravin où ils avaient été élevés tout d’abord, tout à fait en dehors du paysage que nous venons de décrire, épargnant ainsi aux regards tous les accessoires grossiers et peu pittoresques d’une scierie.

Mais l’objet le plus intéressant et le plus en vue, était la Hutte sur la colline. C’est donc là que nous allons porter notre attention, pour la décrire telle qu’elle, était dix ans après l’époque où nous l’avons d’abord présentée au lecteur.

De ce côté, les changements extérieurs n’étaient pas aussi sensibles. Le capitaine Willoughby s’était abstenu de faire peindre la façade de la maison, et elle s’élevait dans ses couleurs primitives, grise dans le bas où la construction était en pierre, brune dans la partie supérieure où dominait le bois. Aucun portique ne décorait l’entrée, aucune fenêtre extérieure n’éclairait la façade. Quelques ouvertures seulement avaient été pratiquées au sommet pour donner du jour aux greniers. Les massives barrières étaient encore dans la même position où nous les avons laissées, toujours appuyées contre les murs de chaque côté de l’entrée, et les gonds couverts d’une rouille produite par le temps et l’humidité. Pendant dix années, il ne s’était pas présenté un jour de loisir pour les mettre en place, quoique madame Willoughby parlât souvent de la nécessité de cette dernière précaution. Elle-même s’était enfin