Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/92

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d’un bélier avec tout le zèle d’un paveur. Vous voyez mal, heureusement pour nous et les nôtres, dis-je, monsieur Strides. Si vous n’approuvez pas une fortification dans un temps de guerre, vous n’avez qu’à vous dépêcher de charger vos épaules du havresac. Ce que nous désirons, c’est de fortifier la maison, et d’empêcher que pas un cheveu de la tête du maître, ni de celles qui lui sont chères, ne soit arraché tant que Jamie, Mike et le sergent seront là. Je souhaite voir tomber les sauvages dans cette tranchée et qu’un enterrement général nous délivre de ces vagabonds. J’entends dire de tous côtés que ce sont les enfants du diable.

— N’êtes-vous pas cependant l’ami de Nick, qui me paraît être le spécimen de son peuple ?

— Nick est à moitié civilisé ; il vous en voudrait s’il vous entendait l’appeler un spécimen.

Joël s’en alla en murmurant sans que les laboureurs pussent savoir s’il approuvait les travaux auxquels il était obligé de prêter son aide, ou s’il partageait le zèle de Mike pour ses maîtres.

En une semaine les constructions furent terminées, à l’exception des portes.

Ce fut un samedi qu’on plaça la dernière palissade, et tous les signes des travaux récents disparurent afin de rendre autant que possible au rocher sa beauté primitive. La semaine avait été tellement remplie par ces occupations que le major n’avait pu se livrer à ces entretiens intimes qu’il aimait avoir avec sa mère et ses sœurs. Les fatigues du jour faisaient que chacun se rendait de bonne heure à son lit, et les conversations étaient plutôt affectueuses et gaies que communicatives.

Le principal était fait. Quand les décombres eurent été enlevés, le capitaine engagea sa famille à venir avec lui sur la pelouse jouir d’une délicieuse soirée de la fin du mois de mai. La saison était précoce et le temps plus doux que de coutume, même dans cette vallée abritée. Pour la première fois de l’année, mistress Willoughby consentit à apporter le thé sur une table permanente qui avait été placée à l’ombre d’un bel orme, probablement pour quelque fête champêtre d’un caractère aussi simple.

— Allons, Wilhelmina, donnez-nous une tasse de ce thé odoriférant, que nous possédons heureusement en abondance, avec ou sans taxe. Je perdrais ma caste si l’on savait quelle dose de trahi-