Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/93

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son américaine nous avons ainsi engloutie ; mais une tasse de thé dans la forêt semble légère sur la conscience d’un homme après une longue fatigue. Je suppose, major Willoughby, que les troupes de Sa Majesté ne dédaignent pas le thé au milieu de ces agitations.

— Loin de là, Monsieur, nous l’estimons beaucoup ; on dit que le porto et le xérès des différentes tables de Boston sont maintenant très-négligés. Je suis un amateur du thé pour lui-même, quoique je ne me connaisse guère à ses différentes qualités. — Farrel, dit-il à l’homme qui aidait Pline l’ancien à arranger la table, quand vous aurez fini, vous irez me chercher la corbeille que vous trouverez sur la toilette dans ma chambre.

— Vraiment, Bob, dit la mère en souriant, vous avez jusqu’ici fait peu d’honneur à cette corbeille. Vous ne nous avez pas dit encore un mot de toutes les jolies choses qu’elle contient.

— Je me suis occupé du soin de notre sûreté, voilà mon excuse. Maintenant qu’une apparence de sécurité me donne le temps de respirer, ma reconnaissance reçoit une impulsion soudaine. Quant à vous, Maud, je regrette d’être obligé de vous accuser de paresse ; quoi, pas une seule marque de votre souvenir !

— Est-ce possible ! s’écria le capitaine, qui versait l’eau dans la théière. Maud est la dernière que j’aurais soupçonnée d’une pareille négligence je t’assure, Bob, que personne n’écoute avec plus d’intérêt qu’elle les détails de ton avancement et de tes mouvements.

Maud ne fit aucune réponse. Elle pencha la tête de côté, dans une conviction secrète que sa sœur pouvait seule deviner. Mais Beulah s’était si bien accoutumée à regarder Robert et Maud comme frère et sœur, que même ce qui s’était passé n’avait produit aucun effet sur ses opinions, ni donné à ses pensées une direction nouvelle. À ce moment arriva Farrel ; il plaça la corbeille sur le banc à côté de son maître.

— Maintenant, ma très-chère mère, et vous, jeunes filles, je puis rendre à chacun ce qui lui est dû. D’abord, je confesse ma propre indignité, et reconnais que je ne mérite pas la moitié des attentions que vous m’avez témoignées par ces différents cadeaux ; ensuite, nous allons descendre dans les détail.

Le major alors montra les articles contenus dans la corbeille,