Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/155

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était. Il se rassit à la place qu’Alix avait occupée, et se mit à réfléchir sur les événements du temps, ce qui n’était pour lui qu’une transition pour passer à la conception de projets audacieux, occupation ordinaire de son esprit entreprenant.


CHAPITRE XV.


Je n’ai pas d’excellentes raisons pour cela, mais j’en ai une assez bonne.
Shakspeare. La Nuit des Rois.


On aurait pu remarquer dans la physionomie du capitaine Borroughcliffe, quand la sentinelle l’eut introduit dans la chambre du troisième prisonnier, un mélange de malice et d’insouciance, de gaieté et de sombre rêverie ; on eût deviné que la visite nocturne de cet officier n’était pas sans motif, par l’air important et solennel avec lequel il se présenta, et par la dignité avec laquelle il fit un geste de la main pour ordonner au factionnaire de se retirer.

Tandis que le soldat obéissait et fermait la porte, le capitaine, balançant son corps sur ses jambes, entendit un bruit qui parut assez extraordinaire à son esprit confus, et il resta un instant les yeux fixés vers l’endroit d’où partait ce bruit, avec cet air d’importance que tant de gens prennent faute de mieux. Cependant, dès qu’il fut sûr de ne plus être interrompu, il marcha avec vivacité et avec une précision militaire, pour faire face à l’homme qu’il voulait voir.

Griffith s’était endormi, quoique d’un sommeil inquiet et agité ; le pilote attendait avec calme une visite qu’il paraît qu’il avait prévue ; leur compagnon, qui n’était autre que le capitaine Manuel, fut trouvé dans une situation toute différente. Quoique le temps fût froid et la nuit orageuse, il avait ôté la jaquette de marin qui le déguisait, et assis sur sa couverture, il ressemblait assez au chevalier de la triste figure, essuyant d’une main les gouttes de sueur qui lui tombaient du front, et se serrant de temps en