Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/170

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le derrière, et tirons ces chiens de leur chenil. Une partie du détachement de cavalerie se chargera de les escorter pendant que nous déjeunerons. Il ne serait pas prudent de laisser les autorités civiles s’emparer de cette affaire, car il est rare qu’elles se fassent une juste idée du crime dont il s’agit.

— Pardon, Monsieur, dit le jeune officier de cavalerie, mais, d’après ce que m’avait dit M. Dillon, je n’imaginais que nous trouverions un parti ennemi, et j’espérais avoir à remplir un devoir moins désagréable que les fonctions de constable. D’ailleurs, Monsieur, d’après les lois de ce royaume, tout accusé doit être jugé par ses pairs, et je ne me permettrais pas de conduire ces gens en prison avant de les avoir fait comparaître devant un magistrat.

— Ce que vous dites ne s’applique qu’à des sujets loyaux et fidèles, répliqua le colonel et en ce qui les concerne, vous avez raison sans contredit ; mais le même privilège n’est pas accordé à des ennemis, à des traîtres.

— Il faut d’abord qu’il soit prouvé qu’ils le sont, répondit le jeune cornette d’un ton positif (car il parlait avec d’autant plus de confiance qu’il n’avait abandonné l’étude du droit que l’année précédente) ; ce n’est qu’alors qu’ils pourront être traités et punis comme ils le méritent. Quant à moi, si je me charge de vos prisonniers, ce ne sera que pour les conduire en sûreté devant l’autorité civile.

— Allons d’abord les chercher, s’écria Borroughcliffe, pour terminer une discussion qui paraissait s’échauffer et dont il connaissait l’inutilité. Peut-être consentiront-ils paisiblement à s’enrôler sous les bannières de notre souverain, et alors il ne faudra plus d’autre intervention que celle d’une discipline salutaire.

— S’ils sont d’une classe qui rende ce dénouement probable, dit Fitzgerald, je serai très charmé que l’affaire se termine ainsi. J’espère pourtant que le capitaine Borroughcliffe aura quelque égard à la démarche que vient de faire notre régiment. Il s’en faut de beaucoup que notre escadron soit au complet.

— Nous nous entendrons facilement, répondit Borroughcliffe, chacun de nous en prendra un, et une guinée jetée en l’air décidera à qui appartiendra le troisième. Allons, Drill ! sergent ! représentez-nous vos prisonniers, et relevez votre sentinelle.

— Je ne doute pas de la pénétration du capitaine Borroughcliffe, dit le colonel ; mais je tiens de M. Christophe Dillon qu’il