Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/218

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au service des États-Unis d’Amérique, et je vous donne ma parole d’honneur…

— Lâchez-le, dit Borroughcliffe aux soldats qui tenaient le lieutenant.

Griffith s’avança entre les deux partis, et parla assez haut pour se faire entendre de l’un et de l’autre.

— Je demande à descendre sous cette voûte, dit-il, pour reconnaître la force de mon parti. S’il a essuyé une perte aussi considérable que j’ai lieu de le supposer, je conseillerai à mon compagnon de se rendre aux conditions d’usage entre nations civilisées.

— Allez ! dit Borroughcliffe. Mais un instant ! votre compagnon n’est-il pas un métis, un amphibie, un soldat de marine ?

— Il est capitaine dans ce corps.

— C’est lui-même, je l’avais reconnu à la voix. Écoutez-moi, il sera à propos que vous lui parliez du nectar qui se trouve à Sainte-Ruth, et vous pourrez lui ajouter (car je connais mon homme) qu’au lieu de lui livrer l’assaut, je changerai le siège en blocus. Je suis sûr qu’il se rendra quand sa cantine sera vide. Il ne trouvera pas sous cette voûte un breuvage semblable à celui que je lui ai fait boire à l’abbaye.

Griffith, malgré son dépit et la situation fâcheuse où il se trouvait, ne put s’empêcher de sourire, et faisant une légère inclination de tête, il s’avança vers la chambre où étaient ses compagnons, en ayant soin de les prévenir à haute voix que c’était lui qui approchait.

En y entrant, il vit six soldats de marine étendus morts sur le plancher, en y comprenant la sentinelle ; quatre autres étaient blessés, mais ils étouffaient leurs plaintes par obéissance à leur commandant qui ne voulait pas laisser connaître à l’ennemi la perte qu’il avait faite. Manuel s’était retranché, avec le reste de ses soldats, derrière un mur de cloison en briques, à demi ruiné ; qui traversait l’appartement, et il s’y tenait avec un air aussi décidé que si le sort d’une ville fortifiée eût dépendu de son courage et de sa résolution.

— Vous voyez, monsieur Griffith, lui dit-il tandis que le jeune lieutenant examinait cet arrangement judicieux, qu’il ne faut rien moins que de l’artillerie pour me déloger d’ici. Quant à cet ivrogne d’Anglais qui est là-haut, qu’il m’envoie ses hommes par