Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/231

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courons ce bois. Les rebelles fuiront devant les armes de Sa Majesté. Quant à ces deux nègres, j’apprendrai à ces drôles à abandonner leur maître en un pareil moment. On dit que la peur est pâle ; mais en ce moment, Borroughcliffe, je la crois de race africaine.

— Je l’ai vue de toutes les couleurs, dit le capitaine. Mais il faut que vous me laissiez le soin de donner les ordres dans cette affaire, mon digne hôte. Rentrons à l’abbaye, et fiez-vous à moi pour intercepter le corps de réserve des rebelles.

Ce ne fut pas sans regret que le colonel consentit à cet arrangement, et tous trois reprirent le chemin de l’abbaye, ralentissant le pas par égard pour les infirmités du vieux colonel. L’ardeur qu’avait fait naître en lui sa charge contre le pilote, et le cours qu’elle donna à ses idées, bannirent de son cœur tout esprit de conciliation ; et il rentra chez lui avec la ferme résolution de livrer à la justice Griffith et ses compagnons, dût-il les pousser lui-même jusqu’au pied de l’échafaud.

Le pilote les suivit des yeux jusqu’à ce qu’il les eût vus disparaître dans les bosquets qui environnaient l’abbaye. Remettant alors son pistolet dans sa ceinture, d’un air pensif et soucieux, il rentra dans le bois à pas lents.


CHAPITRE XXI.


Casca. — Quand ces prodiges arrivent simultanément, qu’on ne nous dise pas : Ce sont choses régulières ce sont choses naturelles ; car je crois, moi, que ce sont des présages qui menacent le pays ou ils se montrent.
Shakspeare.


En faisant attention au temps qui s’est écoulé pendant les événements que nous venons de rapporter, le lecteur reconnaîtra que lorsque l’Ariel et sa prise jetèrent l’ancre dans la baie d’où l’Alerte était sorti, ainsi que nous l’avons rapporté dans un des chapitres précédents, il y avait déjà plusieurs heures que Griffith et ses