Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/292

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Les deux officiers descendirent du rocher, et se remettant à la tête de leur troupe, ils continuèrent à remonter le ravin pendant quelque temps, après quoi ils se trouvèrent dans un bois épais.

— Nous allons voir des ruines dans ces environs, dit Barnstable, si mes calculs sont justes et que j’aie bien estimé les distances ; mais un moment ; j’ai sur moi une carte qui parle d’un pareil point de reconnaissance.

Le lieutenant détourna les yeux en voyant l’expression maligne de ceux du jeune midshipman, lorsque celui-ci demanda en souriant :

— Cette carte a-t-elle été dressée par quelqu’un qui connaît bien la côte, Monsieur, ou est-ce l’ouvrage d’un écolier qui l’a calquée sur une autre, comme les jeunes filles apprennent à marquer d’après le modèle qu’elles ont sous les yeux ?

— Allons, jeune homme, point de raillerie ! Regardez devant vous ! Ne voyez-vous pas une habitation qui a l’air d’être déserte ?

— Sans contredit. Je vois un amas de pierres aussi sales et en aussi mauvais état que si c’était une caserne de soldats. Est-ce là ce que vous cherchez ?

— Sur ma foi ! ces ruines couvrent tant de terrain qu’elles ont dû former un village. On appellerait cela une cité en Amérique, et l’on y placerait un maire, des aldermen et un juge. On mettrait le vieux Faneuil-Hall[1] dans un de ces boulins.

Pendant cette conversation, que Barnstable continuait en partie pour que ses marins ne vissent aucun changement dans ses manières, ils approchaient des murs en ruines qui avaient offert une si faible protection à Griffith, à Manuel et à leurs compagnons.

Après avoir bien reconnu le local, les marins prirent possession d’un des appartements les moins dégradés pour y goûter le repos dont les avait privés la tempête de la nuit précédente.

Barnstable attendit que ses gens fussent profondément endormie, et éveillant alors le jeune midshipman, qui avait cédé au sommeil dès qu’il avait eu la tête appuyée à terre, il lui fit signe de le suivre. Merry se leva sur-le-champ, et sortant tous deux de l’appartement sans faire le moindre bruit, ils s’enfoncèrent plus avant dans les ruines.

  1. Cet édifice est plus d’une fois nommé dans Lionel Lincoln ; c’est la maison de la ville de Boston.