Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/297

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rétablir l’harmonie en changeant le sujet de la conversation, personne n’y fit aucune objection, et le colporteur fut introduit sans délai.

C’était un jeune homme qui paraissait âgé de seize ans, et portant toutes ses marchandises dans un panier dont Catherine, qui se déclara sa protectrice, s’empara sur-le-champ pour étaler sur la table une partie de ce qui s’y trouvait, en invoquant la libéralité des spectateurs en faveur de son jeune protégé. Ces marchandises consistaient en essences, rubans, lacets, dentelles et autres objets d’utilité et de fantaisie, principalement à l’usage des femmes.

— Vous devez voir, mon cher tuteur, dit Catherine, que ce jeune colporteur doit être un sujet loyal ; car voilà dans sa boutique un parfum dont se servent deux ducs de la famille royale, et qui est enveloppé dans un papier portant leurs armes. Permettez-moi d’en mettre de côté une boîte pour votre usage. Vous consentez, je le lis dans vos yeux. Capitaine Borroughcliffe, comme le latin paraît vous faire oublier votre langue naturelle, voici un A B C qui pourra vous convenir. Comme il est bien assorti ! Vous aviez en vue l’abbaye de Sainte-Ruth, mon enfant, quand vous avez choisi vos marchandises.

— Oui, Milady, répondit le jeune homme en saluant avec une gaucherie évidemment étudiée. J’ai souvent entendu parler des grandes dames qui demeurent à la vieille abbaye, et je me suis écarté de quelques milles de ma tournée ordinaire, dans l’espoir de gagner leur pratique.

— Et elles ne vous tromperont pas dans votre attente, dit miss Plowden. Allons, Cécile, c’est une apostrophe directe à votre bourse ; et je ne sais si dans ce temps de troubles miss Dunscomhe elle-même pourra éviter d’être mise à contribution. Aidez-moi donc, jeune homme ; voyons, qu’avez-vous qui puisse tenter ces dames ?

Le colporteur s’approcha du panier que Catherine avait placé sur la table, y jeta la confusion en remuant tout ce qui y restait avec un air d’intérêt mercenaire, et sans retirer sa main du fond du panier, il lui dit en lui montrant quelque chose :

— Ceci, Milady.

Catherine tressaillit et fixa ses yeux perçants sur le jeune marchand ; elle jeta ensuite un coup d’œil inquiet et timide sur tous