Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/300

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— Je ne crois pas pouvoir le nier, Monsieur, répondit le lieutenant qui avait écouté avec beaucoup d’attention cet interrogatoire. Quelque soit le motif qui vous a conduit ici, monsieur Merry, il est inutile de dissimuler davantage

— Merry ! s’écria Cécile ; est-ce vous, mon cousin ? Êtes-vous aussi tombé entre les mains de vos ennemis ? n’était-ce pas assez que…

Miss Howard recouvra sa présence d’esprit assez à temps pour ne pas finir cette phrase, quoique l’expression pleine de reconnaissance des yeux de Griffith indiquât suffisamment qu’il avait rempli cette lacune d’une manière assez flatteuse pour son cœur.

— Que veut dire cela ? s’écria le colonel, interrompant seulement son entretien avec le capitaine Manuel ; mes deux pupilles qui embrassent et qui caressent sous mes propres yeux un vagabond, un colporteur ! Monsieur Griffith, y a-t-il ici quelque trahison ? quel est ce jeune homme ? que signifie cette visite ?

— Est-il étonnant, Monsieur, dit le midshipman quittant alors sa gaucherie empruntée pour prendre le ton d’aisance et de confiance qui lui était naturel est-il étonnant qu’André Merry, qu’un jeune homme qui n’a ni mère, ni sœurs, s’expose à quelque risque pour venir voir les deux seules parentes qu’il ait au monde ?

— Merry ! et pourquoi donc ce déguisement ? Vous n’en aviez pas besoin pour venir chez le vieux George Howard. Vous n’étiez pas obligé de vous y introduire clandestinement, quoiqu’on ait séduit votre jeunesse et abusé de votre inexpérience pour vous faire oublier la fidélité que vous devez à votre roi. Monsieur Griffith, je vous prie de m’excuser si j’emploie à ma propre table des expressions qui peuvent blesser vos oreilles ; mais la circonstance exige que j’appelle les choses par le nom que je crois qu’elles doivent porter.

— On ne peut douter de l’hospitalité du colonel Howard, répondit Merry ; mais on ne connaît pas moins sa loyauté envers la couronne d’Angleterre.

— Oui, jeune homme, et je me flatte qu’en cela on me rend justice.

— Était-il donc prudent de me livrer entre les mains d’un homme qui peut regarder comme un devoir de me retenir prisonnier ?

— Cela est assez plausible, capitaine Borroughcliffe, et je ne