Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/331

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Tandis qu’elle était dans cette attitude, qui annonçait qu’elle n’était plus maîtresse d’elle-même, on vit paraître à la porte un homme portant un simple costume de marin, mais ayant un poignard à sa ceinture, un sabre à son côté et un pistolet à chaque main : c’était le pilote. Il s’arrêta, un instant, spectateur silencieux de cette scène, et s’avança ensuite d’un air aussi calme qu’intrépide au milieu de l’appartement.


CHAPITRE XXIX.


Soyez le bienvenu, Signor ; vous semblez arriver tout exprès pour séparer des gens qui sont sur le point de se battre.
Shakspeare. Beaucoup de bruit pour rien.


Bas les armes, Anglais ! s’écria l’audacieux pilote. Et vous qui combattez pour la cause sacrée de la liberté, retenez vos bras afin que le sang ne coule pas sans nécessité. Orgueilleux Bretons ! rendez-vous au pouvoir des treize républiques.

— Ah ! dit Borroughcliffe en prenant un pistolet avec un air de beaucoup de résolution, la chose se complique. Je n’avais pas fait entrer cet homme dans mon calcul de leur nombre. Est-ce un Samson, pour que son bras change si soudainement la face des choses ? Bas les armes vous-même, mon ancien ami en mascarade, ou, au premier signal de ce pistolet, votre corps deviendra un point de mire pour vingt mousquets !

— Et le vôtre le deviendra pour cent ! réplique le pilote. Se tournant alors vers la porte de la galerie : Entrez, s’écria-t-il ; faites entrer vos gens, et que ce soldat reconnaisse sa faiblesse !

Il n’avait pas encore fini de parler quand le son de plus en plus aigu d’un sifflet de contre-maître pénétra jusque dans les parties les plus reculées de l’abbaye. Une troupe nombreuse obéissant à cet appel se précipita dans l’appartement, culbutant la faible garde de soldats anglais stationnés à la porte, et la chambre se trouva remplie d’une foule pressée, sans compter les hommes qui restaient encore dans la galerie.