Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/361

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vivacité qui annonçait qu’elle prenait à cette conversation un intérêt plus puissant que jamais ; est-elle le seul moyen que vous ayez pour échapper à vos ennemis ?

— Alix Dunscombe n’a pas bien étudié les événements passés, puisqu’elle me fait une telle question, dit le pilote avec fierté ; vous auriez parlé plus convenablement en me demandant si cette frégate était le seul bâtiment devant lequel mes ennemis dussent fuir pour m’échapper.

— Je ne puis mesurer mes termes dans un pareil moment, dit Alix, l’inquiétude peinte sur ses traits. Le hasard m’a fait entendre une partie d’un plan formé pour détruire par des moyens soudains tous les bâtiments américains qui se trouvent dans nos mers.

— Ce plan peut être formé plus soudainement qu’il n’est possible de l’exécuter, ma bonne Alix. Et quel est donc ce plan si redoutable ?

— Je ne sais trop si la fidélité que je dois à mon souverain me permet de vous en instruire, répondit Alix en hésitant.

— Soit ! dit le pilote avec indifférence ; c’est peut-être le moyen de soustraire à la mort ou à la captivité quelques officiers de la marine royale. Je vous ai déjà dit, Alix, que c’est probablement pour la dernière fois que je suis en cette île, et par conséquent cette entrevue…

— Et cependant, dit miss Dunscombe suivant le cours de ses idées, il ne peut y avoir grand mal à empêcher l’effusion du sang humain, encore moins à servir ceux que nous avons connus et aimés longtemps.

— Oui, c’est une doctrine fort simple et facile à soutenir, et cependant le roi George pourrait fort bien se passer de quelques-uns de ses serviteurs ; la liste de ses vils esclaves est si longue !

— Il existait à l’abbaye de Sainte-Ruth un jeune homme nommé Dillon, qui en a disparu mystérieusement, ou plutôt qui a été emmené prisonnier par vos compagnons, En avez-vous entendu parler, John ?

— J’ai entendu parler d’un mécréant qui portait ce nom, mais je ne l’ai jamais vu. Alix, si le ciel veut que cette entrevue soit la dernière !…

— Il était prisonnier sur un schooner nommé l’Ariel, continua miss Dunscombe sans faire attention à l’air d’indifférence avec lequel le pilote écoutait ces détails ; et quand on lui permit de