Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/23

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paru de la salle d’audience, et que les langues allaient dans toutes les directions, une foule de choses furent débitées, sous la forme d’insinuations très-curieuses, surtout par les femmes. Le coroner ajourna l’interrogatoire pour donner cours aux conversations irrégulières, en vue d’obtenir d’utiles renseignements pour l’enquête à venir.

— Vous dites que la vieille mistress Goodwin avait un bon nombre d’espèces ? demanda le fonctionnaire à une certaine veuve mistress Tope, qui avait été libre dans ses confidences, et pouvait fort bien en savoir plus que le reste du voisinage, à cause de l’extrême propension qu’elle avait toujours montrée à s’immiscer dans les affaires de tous ceux qui l’entouraient. Ne dites-vous pas que vous avez vu l’argent de vos propres yeux ?

— Oui, Monsieur, et bien des fois. Elle le gardait dans un bas du vieux bonhomme, qui n’était plus que reprises ; il en était si plein que personne n’aurait pu le porter. Mistress Goodwin n’était pas femme à mettre de côté quelque chose qui pouvait encore servir. Pas moyen de trouver autre part quelqu’un de plus ladre dans tous les environs de Biberry.

— Et une partie de ces espèces était en or, à ce que je crois vous avoir entendu dire. Un bas bien rempli d’or et d’argent.

— Le pied en était bourré quand je le vis, il n’y a pas de cela trois mois. Je ne puis dire s’il y en avait beaucoup dans la jambe. Oui, il y avait aussi de l’or. Elle me montra le bas la dernière fois que je la vis, dans le dessein de me demander quelle pouvait être la valeur d’une pièce d’or presque aussi grosse qu’un demi-dollar.

— Reconnaîtriez-vous cette pièce d’or en la revoyant ?

— Ah ! ça, oui. Je ne connaissais ni son nom ni sa valeur car je n’avais jamais vu auparavant une si grosse pièce ; mais je dis à mistress Goodwin que je pensais que c’était de la pure Californie, car il en vient beaucoup de ce pays, et j’espère que les pauvres gens en auront leur part. Vieille comme je suis, c’est-à-dire pas tant si vieille, ma foi, mais telle que je suis, je n’ai jamais eu une pièce d’or de ma vie.

— Vous ne sauriez alors dire le nom de la pièce en question ?