Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/24

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— Impossible ; on me la donnerait pour le dire que je ne le pourrais pas ; tout ce que je sais, c’est que ce n’était pas une pièce de cinq dollars, car la vieille dame en avait un bon nombre, et celle-ci était plus large, plus jaune aussi ; meilleur or, je suppose.

Le coroner était habitué au bavardage et aux suppositions des femmes, et il savait comment les faire jaser.

— Où mistress Goodwin gardait-elle ses espèces ? lui demanda-t-il. Si vous l’avez vue sortir son bas, vous devez savoir la place ordinaire du dépôt.

— Dans sa commode, répondit la femme avec vivacité ; cette même commode qu’on a retirée de la maison en aussi bon état que le jour où elle y entra, et qu’on a portée au village pour qu’elle fût en sûreté.

Tous ces détails étaient vrais ; des mesures furent prises pour pousser les recherches plus loin et dans cette direction. Trois ou quatre jeunes gens, de bonne volonté dans un pareil cas, apportèrent le meuble dans la salle d’audience, et le coroner voulut que chaque tiroir fût publiquement ouvert en présence des jurés. La femme prêta serment la première, et donna son témoignage en forme pour ce qui concernait le bas, l’argent et la place habituelle du dépôt.

— Ah ! vous ne le trouverez pas là, fit observer mistress Pope, voyant que l’ébéniste du village appliquait une clef qui s’adaptait à merveille à la serrure en question ; elle gardait son argent dans le dernier tiroir. Je l’ai vue en retirer le bas au moins une douzaine de fois.

En conséquence le dernier tiroir fut ouvert. Il contenait des ornements de femme et une foule d’objets dont se sert une respectable matrone entre cinquante et soixante ans ; mais pas de bas rempli de reprises, pas d’argent, pas d’or. Les doigts rapides et agiles de mistress Pope se glissèrent dans un coin du fond du tiroir, et une robe de soie fut ouverte sans cérémonie, laquelle était le réceptacle du trésor, ainsi qu’elle l’avait vu souvent.

— Il n’y est plus ! s’écria la femme ; il faut que quelqu’un l’ait pris.