Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/213

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J’abandonne enfin mes sillons ;
Le noisetier m’offre un abri propice
Contre les dards des moucherons.
Vous qui voulez faire un achat de terre,
Prenez le chêne, habitant de nos monts,
Ou le sapin à tête altière ;
Je chanterai de même mes chansons.


CHAPITRE XXI.


Hâte-toi, Malise, hâte-toi ! Jamais cause plus pressante ne réclama la vitesse et la vigueur de tes membres.
Sir Walter Scott. La Dame du Lac.



Les chemins d’Otsego, si l’on en excepte les principales grandes routes, n’étaient guère, à l’époque dont nous parlons, que de larges sentiers. Les grands arbres croissant jusqu’à côté des ornières creusées par les roues des voitures interceptaient le passage des rayons du soleil, qui ne pouvaient y pénétrer qu’en plein midi. L’évaporation de l’humidité ne s’y opérant donc que très-lentement, et le sol étant formé jusqu’à une profondeur de plusieurs pouces par la décomposition de matières végétales qui s’y étaient accumulées pendant des siècles, il en résultait que le terrain n’offrait pas un appui bien solide aux pieds des chevaux. D’ailleurs la superficie en était inégale ; de grosses racines s’élevaient souvent à plusieurs pouces au-dessus de la terre, et des souches de pin restant çà et là rendaient le chemin non seulement difficile, mais même dangereux. Ces obstacles, qui auraient effrayé des yeux moins exercés, ne donnaient pourtant aucune inquiétude aux habitants du pays qui y étaient accoutumés, et les chevaux également habitués à ce genre de chemin trottaient d’un assez bon pas sur un terrain que les Européens auraient jugé impraticable. En bien des endroits, des marques faites par la hache sur l’écorce des arbres voisins étaient la seule chose qui pût faire reconnaître la route, et de temps en temps une souche de pin dont les racines s’étendaient à vingt pieds en tous sens en indiquaient le milieu.