Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/277

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Mais il est des objets sur lesquels l’attention des femmes se fixe avec plus de succès que celle des hommes, et dans mille petits égards qu’Edwards avait pour elle en toute occasion, Élisabeth avait reconnu qu’il ne manquait ni de politesse ni de savoir-vivre, et que, lorsqu’il se rendait coupable de quelque trait de brusquerie, c’était parce qu’il était dominé par un sentiment secret qu’elle attribuait à des passions fougueuses dont elle ignorait la cause.

— Je ne sais ce que je ne donnerais pas, Louise, dit-elle à sa compagne en lui montrant du doigt l’humble demeure de l’habitant des bois, pour que ces murailles de troncs d arbres pussent me dire tout ce qu’elles ont vu et entendu.

— Je suis sûre, ma chère Élisabeth, qu’elles ne vous diraient rien qui pût être au désavantage de M. Edwards.

— Cela est possible, mais elles me diraient peut-être qui il est.

— Nous le savons déjà à peu près. J’ai entendu votre cousin l’expliquer d’une manière suffisante.

— Le chef du pouvoir exécutif ! s’écria miss Temple en souriant. Oh ! sans doute, il n’existe rien qu’il ne puisse expliquer. Il aura quelque jour le talent de découvrir la pierre philosophale. Et que lui avez-vous donc entendu dire ?

— Des choses qui m’ont paru assez raisonnables pour mériter qu’on y ajoute foi. Il disait que Natty Bumppo avait passé presque toute sa vie dans les forêts ; que c’était ainsi qu’il avait fait la connaissance du vieux John, qui était autrefois un chef delaware.

— En vérité ! mon cher cousin vous a appris là des choses tout à fait nouvelles. Et que dit-il ensuite ?

— Il rend compte de leur intimité, en disant que Bas-de-Cuir selon quelques-uns, avait sauvé la vie de John dans une bataille.

— Rien n’est plus vraisemblable ; mais, au nom du ciel, qu’est-ce que tout cela a de commun avec ce dont nous parlions ?

— Un peu de patience, Élisabeth, et je vous dirai tout ce que j’ai entendu ; car c’était à mon père que M. Jones racontait ces détails la dernière fois qu’il est venu chez nous… ; il ajouta que les rois d’Angleterre avaient coutume d’avoir des agents auprès des diverses tribus d’Indiens, et que ces agents passaient quelquefois la moitié de leur vie dans les endroits les plus fréquentés par ces sauvages.