Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/278

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— Il vous a dit la une vérité historique dont personne ne saurait douter. Est-ce tout ?

— Oh ! non vraiment. Il a encore dit que ces agents se mariaient rarement, mais que cependant… il fallait que ces gens-là n’eussent guère la crainte de Dieu devant les yeux, Élisabeth ; car il disait qu’ils… qu’ils…

— N’importe, n’importe, Louise, dit Élisabeth en rougissant un peu ; sautez par-dessus cela, et arrivez à M. Edwards.

— Mais pour cela, il faut que je vous dise que ces agents se faisaient souvent un point d’honneur de faire donner une bonne éducation à leurs enfants, à ce que disait M. Jones ; les uns les envoyaient en Angleterre, les autres les mettaient au collège dans les colonies ; et c’est ainsi qu’il explique la manière libérale dont M. Edwards a été élevé ; car il convient qu’il est presque aussi instruit que lui-même, que votre père, et même que le mien.

— Un vrai prodige de science ! Et c’est ainsi qu’il fait de Mohican le grand-oncle ou le grand-père d’olivier Edwards. Mais Richard, ma chère amie, à une théorie pour tout expliquer. Je voudrais pourtant bien qu’il m’expliquât pourquoi cette chaumière est la seule habitation à cinquante milles à la ronde dont la porte ne s’ouvre pas à quiconque veut se donner la peine d’en soulever le loquet.

— M. Jones n’a rien dit à ce sujet ; mais je suppose que, comme ils sont pauvres, ils désirent tout naturellement conserver ce qui leur appartient par droit légitime. Il est quelquefois dangereux d’être riche, miss Temple, mais vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir combien il est dur d’être pauvre.

— Et j’espère bien que vous ne le savez pas plus que moi, ma chère Louise. Je me flatte du moins que, sur cette terre d’abondance, il est impossible qu’un ministre de l’Église se trouve dans un état de détresse.

— Il n’y a jamais de détresse absolue, dit Louise d’un ton humble et mélancolique, pour celui qui met sa confiance dans son Créateur ; mais il peut être exposé à des souffrances qui lui brisent le cœur.

— Mais ce n’est pas vous, ma chère amie, s’écria Élisabeth avec impétuosité, ce n’est pas vous qui avez souffert les maux de la pauvreté ?

— Ah ! miss Temple, répondit Louise avec douceur, je crois