Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/146

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Que rien n’était charmant comme une demi-teinte,
Que cette enfant avait la timidité sainte
Des longs cils d’or voilant les chastes regards bleus,
Et des gestes d’hermine effrayés et frileux ;
Et déjà ma pensée absorbante et jalouse
Se la représentait comme une blanche épouse,
Pure et douce, au milieu d’un frais intérieur
Égayé par les jeux d’un bel enfant rieur.

Et cette impression qu’elle m’avait donnée
Dura le lendemain toute la matinée,
Si bien que j’espérais presque un amour naissant.

Le bon rêve ! j’étais comme un convalescent
Faible encore et fiévreux, mais qui se sent renaître
Et qui, dans les coussins, auprès de sa fenêtre,
Devant un ciel d’avril plein d’azur rajeuni,
Sourit en se disant que tout n’est pas fini,
Tandis qu’un feu discret meurt dans les cendres chaudes
Et qu’il voit au jardin en vives émeraudes
Sur les arbustes noirs éclater les bourgeons.
Les nuages, avec lesquels nous voyageons,
Lui parlent d’horizon, d’air pur, de libres courses
Dans les grands bois charmés du murmure des sources,
De la ferme, avec son bonnet de chaumes blonds,