Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/187

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Près des vieux. On s’assied en cercle autour du feu,
Et, pour les effrayer beaucoup, il ment un peu.
Comme les voyageurs de mes belles lectures,
Je vous raconterai toutes mes aventures.
Vous verrez, en ouvrant de grands yeux ébahis,
Toutes les mers, tous les peuples, tous Ies pays
Où m’auront promené la voile et la machine.
Je vous rapporterai des choses de la Chine.
Vous verrez le trois-mâts glissant près des îlots
Avec son pavillon qui traîne sur les flots,
Et le peuple tout nu, très noir et très sauvage,
Qui nous suit en tirant des flèches du rivage,
Et ce sera charmant, et vous m’embrasserez
Au beau milieu de mon récit, et vous serez
Tout surpris de ma barbe et de mon air si grave.
Aux beaux endroits, tout bas, vous direz : « Qu’il est brave !
Vous sourirez, et vous m’embrasserez encor,
Et vous jouerez avec mes épaulettes d’or.
Mais, je le sais, il faut un long apprentissage.
Et dès demain je vais bien apprendre, être sage,
Lire beaucoup, veiller sous ma lampe l’hiver ;
Et puis je m’en irai pour longtemps sur la mer. »

Il se tut, souriant à quelque intime joie.
Et, comme un affamé qui réclame une proie,