Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/188

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L’Océan qui montait gronda dans les rochers.
Les astres de la nuit furent soudain cachés.
L’enfant agonisait ; mais la voix sépulcrale
De la lame étouffait le bruit sourd de son râle.

Alors comme brisé par ce qu’il avait dit,
Angelus referma ses beaux yeux et tendit
Aux deux amis ses mains plus froides et plus molles.
Mais sur ceux-ci déjà les bizarres paroles
De l’enfant moribond exerçaient leur pouvoir.
Sombres, ils regardaient ce ciel devenu noir,
Ils écoutaient le bruit plus sinistre des vagues,
Et se sentaient venir au cœur ces craintes vagues
Qu’on repousse, mais dont l’âme en vain se défend.
Sans doute ce n’étaient que des rêves d’enfant,
Inspirés par un livre ou bien par quelque image,
Qu’ils laissent aussitôt sans dire : « C’est dommage ! »
Et qui durent un jour ou deux pour la plupart.
Mais tout cela parlait d’absence, de départ,
Avec une éloquence étrange et captivante ;
Et l’âme des vieillards était dans l’épouvante.

Les yeux toujours fermés, le petit Angelus
Reprit tout bas :