Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/220

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Faisant sur les pavés fumer le sang vermeil,
Et, dans l’encadrement noir de la porte basse,
Ce prêtre et cet autel brillant comme une châsse,
Et nous autres cloués au sol, presque poltrons.

Certes, j’étais alors un vrai sac à jurons,
Un impie ; et plus d’un encore se rappelle
Qu’on me vit une fois, au sac d’une chapelle,
Pour faire le gentil et le spirituel,
Allumer une pipe aux cierges de l’autel.
Déjà j’étais un vieux traîneur de sabretache ;
Et le pli que donnait ma lèvre à ma moustache
Annonçait un blasphème et n’était pas trompeur. —
Mais ce vieil homme était si blanc qu’il me fit peur.

« Feu ! » dit un officier.

                                              Nul ne bougea. Le prêtre
Entendit, à coup sûr, mais n’en fit rien paraître,
Et nous fit face avec son grand saint sacrement,
Car sa messe en était arrivée au moment
Où le prêtre se tourne et bénit les fidèles.
Ses bras levés avaient une envergure d’ailes.
Et chacun recula, lorsqu’avec l’ostensoir
Il décrivit la croix dans l’air et qu’on put voir