Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qu’il ne tremblait pas plus que devant les dévotes ;
Et quand sa belle voix, psalmodiant les notes,
Comme font les curés dans tous leurs Oremus,
Dit :

                  Benedicat vos omnipotens Deus,

« Feu ! répéta la voix féroce, ou je me fâche. »

Alors un d’entre nous, un soldat, mais un lâche,
Abaissa son fusil et fit feu. Le vieillard
Devint très pâle, mais, sans baisser son regard
Étincelant d’un sombre et farouche courage :

Pater et Filius, reprit-il.

                                                 Quelle rage
Ou quel voile de sang affolant un cerveau
Fit partir de nos rangs un coup de feu nouveau ?
Je ne sais ; mais pourtant cette action fut faite.
Le moine, d’une main s’appuyant sur le faîte
De l’autel et tâchant de nous bénir encor
De l’autre, souleva le lourd ostensoir d’or.
Pour la troisième fois il traça dans l’espace
Le signe du pardon, et d’une voix très basse,