Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/246

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Dépitée, il fallut bien qu’elle s’arrêtât,
En songeant : – Quel ennui, huit longs mois de sagesse !
Et quand vint le moment d’avouer sa grossesse,
L’homme, – la Bourse avait baissé probablement, –
Ne trouva tout d’abord qu’un mot suspect : Vraiment !
Mais, rempli d’à-propos, comme un joueur qui triche,
Il s’attendrit bientôt, sa femme étant-très-riche.


III

Or la nourrice, ayant sans cesse l’embarras
De l’enfant qui criait faiblement dans ses bras
Et lui mordait le sein de ses lèvres avides,
Errait seule parmi les appartements vides,
Et, rustique au milieu du luxe des salons,
Comptait les jours d’exil qui lui semblaient si longs.
Triste foyer ! La mère était toujours en course,
Le père était au cercle, au Palais, à la Bourse ;
Et, quant à leur enfant, ils ne le voyaient pas,
Sauf quelquefois, le soir, à l’heure des repas,
Où le chef de maison, par pure bonté d’âme,
S’écriait : – Votre fils est fort joli, madame ! –