Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/247

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Puis, époux plein d’égards et sachant ce qu’il doit,
Il riait au petit et lui donnait son doigt.
Mais madame bâillait, n’étant pas satisfaite.
D’une robe apportée alors pour quelque fête,
Et, jugeant qu’on avait assez de l’avorton,
Disait : – Il se fait tard. Allez coucher Gaston.

Qu’importaient cependant à la pauvre nourrice
L’abandon désolant, la maison corruptrice,
Ce faible enfant malade et refusant son lait,
Les habits d’opéra-comique qu’il fallait,
Par les jours de soleil, montrer aux Tuileries,
Les repas à l’office et les plaisanteries
De la femme de chambre et des valets railleurs ?
Pauvre mère ? son âme était toujours ailleurs ;
Toujours elle suivait, – hélas ! par la pensée, –
Sa lettre, la dernière au pays adressée,
La réponse si lente et venant de si loin ;
Et puis elle courait chez l’écrivain du coin
Dont l’enseigne, chef-d’œuvre affreux de calligraphe,
Présente un Béranger tracé d’un seul paraphe.
Enfin on répondait : – L’enfant se porte bien ;
Il profite, il grandit, il ne manque de rien.
Mais il faut de l’argent. L’huissier gronde et réclame. –
Elle baisait la lettre, et, le bonheur dans l’âme,