Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/280

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Et lançant vers le ciel son chant mélancolique
Ou son cri triomphal, la pompe catholique,
Seule, pendant cinq ans, charma leurs cœurs nouveaux.
Les marguilliers, les gens d’église, les dévots
Qui font la révérence à toutes les chapelles,
Chérissaient comme leurs ces deux enfants modèles
Qui jouissaient près d’eux, sans se le définir,
Du bonheur de se voir et de se réunir.
Car si chez eux encor les doux rêves mystiques,
Qui s’exaltent parmi l’encens et les cantiques,
Avaient retardé l’heure où le désir naissant
De l’enfant étonné fait un adolescent,
Déjà leur âme était inquiète et subtile.
Ce qu’ils eussent jadis trouvé simple ou futile
Les laissait à présent très-souvent timorés,
Ils se troublaient. Un jour ils étaient demeurés,
Lui, la rougeur au front, elle, tout interdite,
En effleurant leurs doigts humides d’eau bénite,
De s’être dit tous deux à la fois : Prenez-en.
Elle avait oublié qu’il était paysan,
Il avait oublié qu’elle était demoiselle,
Mais, bien qu’il redoublât d’humbles soins et de zèle,
Il ne lui donnait plus la main comme autrefois,
Quand il la conduisait à l’église, et sa voix
Tremblait en lui parlant de choses très-vulgaires.