Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


IV

Un dimanche matin, – il ne s’attendait guères
Que son destin allait dater de ce jour-là, –
Ainsi qu’il en avait l’habitude, il alla
Chercher la jeune fille à l’heure accoutumée.
La porte qu’il trouvait d’ordinaire fermée,
Malgré le froid d’hiver, s’ouvrait sinistrement.
Inquiet, il crut voir comme un pressentiment
Dans ce logis béant au vent noir de décembre,
Et, songeant à l’aïeul, monta jusqu’à sa chambre,
Mais pour s’arrêter court sur le seuil, en tremblant.
Car il vit le vieillard, pâle sur le lit blanc,
Râlant, les yeux grandis par les suprêmes fièvres,
Et qui disait, serrant cruellement les lèvres,
A sa fille courbée et pleurant sur sa main :

— Plus de larmes. Je sens que je mourrai demain.
Or, c’est chez nous l’usage ordinaire, ma fille,
Que, s’il meurt dans son lit, le chef de la famille
Du plus proche héritier exige le serment
De maintenir le nom toujours plus fièrement.